Qu'on arrête de respirer, qu'on s'accroche à ses binocles et qu'on serre les rangs, Emil Ferris s'en vient chez nous !
Le chef d'oeuvre annoncé d'Emil Ferris, c'est ce roman graphique qui est paru aux Etats-Unis en février 2017, et a ramassé trois Eisner Award 2018 (meilleur album, meilleur auteur/artiste, meilleure mise en couleur). Les critiques des plus grands journaux internationaux sont à genoux devant tant de beauté, Monsieur Toussaint Louverture, maison d'édition française sujette aux emballements éditoriaux, en a le palpitant qui frétille.
Devant le succès annoncé, il s'agit de composer une symphonie publicitaire à laquelle le lecteur susceptible de dépenser 34,90€ pour un tome 1 sera sensible, et, tu l'as vu toi-même, si toi aussi tu t'es retrouvé cet été à une heure indue à communiquer avec un Bot Facebook publicitaire, chez MTL, on sait plutôt bien s'y prendre.
Donc, les hipsters ont hipserisé, on a commandé son exemplaire comme tout le monde, et déchiffré ses trois-cent seize pages couleur illustrées au stylo Bic.
Le roman graphique (car densité comme quotient texte manuscrit/dessin appellent cette dénomination) raconte le quotidien troublé d'un quartier pauvre de Chicago en 1968, vu par Karen Reyes, jeune pré-adolescente à l'éblouissant talent de dessin, dont nous lisons le journal.
Suite au meurtre de sa belle voisine, elle décide d'emprunter chapeau mou et imperméable à son grand frère et de mener l'enquête.
Celle-ci la mène des sombres secrets de l'histoire de sa voisine à ceux que recèle son histoire familiale, et il lui faut tout son attachement au dessin et aux monstres de la culture populaire pour ne pas sombrer elle-même.
Malgré les superbes illustrations d'Emil Ferris (Moi j'aime les monstres est la quintessence du livre Instagrammable), l'univers dépeint est particulièrement glauque et violent : l'environnement cruel dans lequel la petite détective grandit ou les terribles histoires d'Anka la belle décédée, ne sont mis en perspectives qu'à travers les images de monstres issues de la pop culture qu'utilise Karen dans ses dessins pour filtrer la violence.
C'est notamment l'occasion de prouesses illustrées au début de chaque chapitre, qui s'ouvre sur une fausse couverture de magasine d'horreur.
En définitive, malgré la réception enthousiaste générale, c'est l'image la plus tenace que l'on peut garder de ce tome 1 : des illustrations spectaculaires, qui, à force de beauté, ne parviennent pas complètement à servir le propos, en attirant notre attention sur la réalisation plastique plus que sur le fonds. C'est notamment le cas lors de passages plus faibles (car, en 316 pages, comme dans un roman bien dense, il y en a), où on ne peut s'empêcher de ressentir une tendance à se regarder dessiner.
J'ai bien conscience que l'histoire personnelle d'Emil Ferris, qui réapprenait alors à se servir d'un crayon après une maladie, peut expliquer cela. Et je n'oublie pas non plus qu'il s'agit d'une première œuvre.
Malgré sa grande beauté, et les intrigantes thématiques abordées, il est peut être alors déraisonnable de crier au chef d'œuvre.
Il paraît plus honnête de saluer une entreprise d'une singulière originalité, et d'espérer d'autres réalisations de l'autrice prodige.
En attendant, Moi ce que j'aime c'est les monstres comblera probablement les fanatiques d'illustration disposés à en payer le prix.
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All the murmuring bones, Angela Slatter
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Alors que le Finnish Weird connaît chez nous une célébrité grandissante, j'ai profité de mon été pour lire Lumikko, livre dont le titre ...
J'avoue que l'on a tellement encensé ce livre un peu partout depuis quelques semaines que je n'ai juste plus envie (j'ai un étrange esprit de contradiction)(mais bon, trop de consensus, ça saoule un peu trop ^_^). Donc ça va, je manque moins que ce qui est annoncé, c'est déjà ça.
RépondreSupprimer(Cachou)
Je crois que c'est une réaction qu'on partage.
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