Alors que le Finnish Weird connaît chez nous une célébrité grandissante, j'ai profité de mon été pour lire Lumikko, livre dont le titre original est "La société littéraire du Dos-de-Lapin".
Cette belle couverture permettra d'identifier sans se tromper la maison d'édition de l'Ogre, aux publications audacieuses.
Dès les premières lignes, le lecteur est happé à la suite de la professeure de français Ella Milana, qui constate qu'une maladie touche les livres de son petit village, modifiant l'histoire qu'ils racontent. Le virus se propage jusque dans la bibliothèque locale, et semble avoir des liens avec la mystérieuse société littéraire du coin.
Fondée une trentaine d'années auparavant autour de la célèbre romancière pour enfants Laura Lumikko, ladite société avait pour objectif de repérer dix enfants prometteurs et d'en faire des auteurs importants. C'est chose faite, pour neuf d'entre eux, mais le dixième n'a jamais été identifié, jusqu'à ce que l'honneur n'échoie sur Ella.
Tout en poursuivant son enquête, elle va découvrir l'éducation qu'ont reçue ces auteurs, tous se livrant pour trouver de la matière littéraire à d'étranges pratiques.
Lumikko est inclassable et joue sur le décalage permanent : il associe à part égales une réalité banale avec un fantastique au bord du nonsense britannique. Bien que d'origine finlandaise, dans ce roman, le bizarre est reçu par les personnages avec un flegme qui évoque fortement Lewis Carroll. Toute la mécanisme du récit semble reposer sur une enquête quasi-policière, qui prend son temps, lézarde en route, visite d'autres genres littéraires et ne répond pas tout à fait à la question centrale : qui*qu'*est vraiment Laura Lumikko, aux livres pour enfants qui hésitent entre contes traditionnels et imaginaire Burtonien ? Aux étonnantes pratiques éducatives ?
Les personnages qui marivaudent dans cette aventure sont plutôt réussis et ont ce qu'il faut de défauts pour être touchants (sauf la bibliothécaire-auteur jeunesse, qui me semble-t-il, est surtout écrite dans un but précis*).
Le grand sujet du roman est l'amour des livres et de l'écriture, et on le déguste à toute heure et sur toutes les pages : nos personnages sont abonnés à des revues littéraires, traînent dans des bibliothèques publiques ou personnelles, se racontent des histoires, ont des tables dédiées dans les cafés avec leurs livres dessus).
On lit donc un étrange beau moment, peuplé de lettrés charmants et subtilement inquiétants, dans un village qui a ses zones d'ombres.
Si l'on est patient et plutôt anglophile, que l'on a une grande après-midi pluvieuse devant soi, Lumikko promet un excellent moment.
Lumikko, Pasi Ilmari Jääskeläinen, éditions de l'ogre, 2016. 406 p., 25 €.
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* Cependant, je ne suis pas complétement impartiale avec les personnages de bibliothécaires...
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