Prenons un peu de bon temps cinématographique, et parlons de films de super-héros, avec l'italien On l'appelle Jeeg Robot (Lo chiavamavano Jeeg Robot en VO, évocation d'un autre film d'anti-héros burlesque, Trinita*).
Dans ce film italien sorti en 2015, qui a reçu un bon nombre de récompenses dans son pays et réjoui le public d'un certain nombre de festivals européens, nous suivons les aventures d'Enzo Ceccotti, petit voyou de la banlieue de Rome dont le loisir central est le visionnage de films pornos en mangeant des crèmes vanilles.
Enzo
est poursuivi sur les bords du Tibre par la police et plonge dans les
eaux pour leur échapper. Il entre alors en contact avec un baril d'un
agent chimique inconnu** et rentre misérablement chez lui, en toussant et
en gémissant. Lorsqu'il se réveille le lendemain, il est devenu surhomme
à la force physique démesurée, talent qu'il met à profit dans ses
larcins.
Quand une série d'évènements place sous sa protection une jeune femme
atteinte de troubles psychiques, qui confond le réél et l'animé Jeeg
Robot (et le prend donc aussitôt pour le héros de l'histoire), Enzo
commence un cheminement qui l'amènera à l'héroïsme.
Cette intrigue
pourrait être simplette si le film ne jouait pas en permanence sur
l'alternance des registres réalistes et parodiques. La banlieue romaine
et ses mafieux sont sordides, mais le grand méchant est un bellâtre ancien de
la télé-réalité qui éprouve une passion pour les chansons romantiques
des années 70. Le héros est un anti-héros pur jus, dont l'appartement
est glauque à un niveau rarement atteint, qui n'hésite pas à se salir
les mains, et porte le poids d'une mélancolie solitaire et romanesque.
Alessia, la jeune fille en détresse, est à la fois personnage romantique
et incarnation de l'innocence enfantine (ce parti-pris est parfois
dérangeant).
L'équilibre précaire entre culture pop et réalisme à
l'italienne fonctionne bien, et la transposition de l'univers des
super-héros dans la banlieue romaine réserve quelques beaux moments,
dont un match de foot Rome-Lazio*** fortement perturbé, un hold-up "à la
main" d'un camion de transport de fonds...
L'ensemble est
particulièrement réjouissant, même si je regrette la gestion des
personnages féminins (on ne se refait pas), qui connaissent des
situations particulièrement déplaisantes.
Sinon, on s'amuse bien, et l'hommage rendu à ces animés que les générations 80-90 ont regardé enfants est plutôt touchant.
On l'appelle Jeeg Robot, Gabriele Mainetti, 2016.
---
*TMTC comme ils disent, les jeunes
**et qui n'est pas l'agent chimique X ! Mais qui pourrait.
***on m'informe que c'est la même équipe. La balle au pied, vaste territoire inexploré de nos aïeux...
Inscription à :
Publier les commentaires (Atom)
All the murmuring bones, Angela Slatter
C'est un cliché éculé, mais nous ne sommes pas armés pour comprendre les anglos-saxons, et encore moins leurs catégories et sous-catégor...
-
C'est un cliché éculé, mais nous ne sommes pas armés pour comprendre les anglos-saxons, et encore moins leurs catégories et sous-catégor...
-
La Volte nous avait laissé en 2017 avec David Calvo et Toxoplasma, une Commune Montréalaise apocalyptique et effervescente, et nous récupère...
-
Alors que le Finnish Weird connaît chez nous une célébrité grandissante, j'ai profité de mon été pour lire Lumikko, livre dont le titre ...
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire