dimanche 7 mai 2017

On l'appelle Jeeg Robot, Gabriele Mainetti

Prenons un peu de bon temps cinématographique, et parlons de films de super-héros, avec l'italien On l'appelle Jeeg Robot (Lo chiavamavano Jeeg Robot en VO, évocation d'un autre film d'anti-héros burlesque, Trinita*).
Dans ce film italien sorti en 2015, qui a reçu un bon nombre de récompenses dans son pays et réjoui le public d'un certain nombre de festivals européens, nous suivons les aventures d'Enzo Ceccotti, petit voyou de la banlieue de Rome dont le loisir central est le visionnage de films pornos en mangeant des crèmes vanilles.


Enzo est poursuivi sur les bords du Tibre par la police et plonge dans les eaux pour leur échapper. Il entre alors en contact avec un baril d'un agent chimique inconnu** et rentre misérablement chez lui, en toussant et en gémissant. Lorsqu'il se réveille le lendemain, il est devenu surhomme à la force physique démesurée, talent qu'il met à profit dans ses larcins.
Quand une série d'évènements place sous sa protection une jeune femme atteinte de troubles psychiques, qui confond le réél et l'animé Jeeg Robot (et le prend donc aussitôt pour le héros de l'histoire), Enzo commence un cheminement qui l'amènera à l'héroïsme.
Cette intrigue pourrait être simplette si le film ne jouait pas en permanence sur l'alternance des registres réalistes et parodiques. La banlieue romaine et ses mafieux sont sordides, mais le grand méchant est un bellâtre ancien de la télé-réalité qui éprouve une passion pour les chansons romantiques des années 70. Le héros est un anti-héros pur jus, dont l'appartement est glauque à un niveau rarement atteint, qui n'hésite pas à se salir les mains, et porte le poids d'une mélancolie solitaire et romanesque. Alessia, la jeune fille en détresse, est à la fois personnage romantique et incarnation de l'innocence enfantine (ce parti-pris est parfois dérangeant).
L'équilibre précaire entre culture pop et réalisme à l'italienne fonctionne bien, et la transposition de l'univers des super-héros dans la banlieue romaine réserve quelques beaux moments, dont un match de foot Rome-Lazio*** fortement perturbé, un hold-up "à la main" d'un camion de transport de fonds...
L'ensemble est particulièrement réjouissant, même si je regrette la gestion des personnages féminins (on ne se refait pas), qui connaissent des situations particulièrement déplaisantes.
Sinon, on s'amuse bien, et l'hommage rendu à ces animés que les générations 80-90 ont regardé enfants est plutôt touchant.

On l'appelle Jeeg Robot, Gabriele Mainetti, 2016.

---
*TMTC comme ils disent, les jeunes
**et qui n'est pas l'agent chimique X ! Mais qui pourrait. 
***on m'informe que c'est la même équipe. La balle au pied, vaste territoire inexploré de nos aïeux...

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

All the murmuring bones, Angela Slatter

C'est un cliché éculé, mais nous ne sommes pas armés pour comprendre les anglos-saxons, et encore moins leurs catégories et sous-catégor...