dimanche 30 avril 2017

Paper Girls, Cliff Chiang, Brian K. Vaughan, Matt Wilson

Paper girls est un comic book édité aux US en juillet 2016, traduit chez nous fin 2016, et ayant pour scénariste Brian K. Vaughan (qui est fan de SF : il a été le scénariste des comics Y le dernier homme, du célèbre Saga, et des séries Lost et Under the dome). 
Le dessin est de Cliff Chiang, illustrateur qui s’est fait remarquer récemment en relançant le comics Wonder Woman avec des dessins très dynamiques. Et, car elles tiennent une place très importante dans la réussite de la série, les couleurs sont de Matt Wilson. Illustrateur qui travaille aussi avec Cliff Chiang sur Wonder Woman, et qui est un passionné de théorie des couleurs. 

Paper girls commence le 31 octobre 1988, matin d’Halloween, dans une petite ville de l’Ohio. Erin, une petite adolescente de 13-14 ans, se réveille aux aurores, prend son vélo, et part livrer les journaux sur les perrons des petites maisons de banlieue. Au détour d’une rue, elle se fait menacer par une bande de garçons plus âgés, costumés en ninja, en Pennywise et Freddy Krugger. Au moment où on commence à s’inquiéter pour elle, même si elle a une bonne répartie, un gang de trois livreuses de vélos, qui se repère avec des talkies walkies et armées de crosses de hockey, vient lui sauver la mise. Les filles sont dirigées par Mac, la première fille de Stony Stream à être devenue livreuse de journaux, ce qui était autrefois réservé aux garçons. Et comme tout chef de bande adolescent qui se respecte, Mac a la classe, fume des cigarette, et tient tête au policier du coin.

Jusque là, Paper Girls est un bon comics rock et féministe, avec des personnages intrigants. Sauf qu’en se séparant en deux groupes, les filles se font attaquer et voler un talkie-walkie. Bien décidées à en découdre, elles partent à la recherche de leurs assaillants et trouvent...des extraterrestres. A ce stade, je ne veux pas complétement dévoiler le tome 1 ou ses suites, je peux essentiellement en dire qu’il présente pas mal de personnages inquiétants, qui semblent venir soit d’une autre réalité, soit d’une autre temps, que les adultes fonctionnels sont plutôt absents et les filles laissées à elles-même (ce dont elles se débrouillent bien, ce ne sont pas des gentilles filles).

Paper girls réussit à jouer sur de nombreux tableaux, et on peut notamment saluer les quatre personnages féminins, cools et crédibles, qui semblent vraiment avoir des raisonnements d’intrépides adolescentes. Les filles ne sont pas des clichés, et leurs sentiments passent du courage à l'émerveillement enfantin avec un naturel satisfaisant.
Une part de son charme réside également dans la peinture de la banlieue américaine, qui joue à fond sur la nostalgie de ces dernières années, associée à la cinéphilie de Brian K. Vaughan, qui a fait des études de cinéma : le comics est plein de clins d’oeil à des films fantastiques, mais aussi au mode de vie des 80's (il y a une petite séquence très réussie sur l’addiction aux jeux vidéo de Tiffany).
Le récit montre une vraie maîtrise de la narration et du suspens, qui fonctionne comme dans un vieux film, avec des indices plus ou moins subtils laissés pour le lecteur, et pourraient rappeler le mécanisme de Lost.

L’un des grands points forts réside dans la qualité graphique de l’ensemble, avec des mises en couleurs qui parviennent alternativement à être éclatantes et pop, comme dans les têtes de chapitre, et subtiles et délicates comme dans les scènes de nuit ou de chien et loup. Par un travail audacieux de dessin et l'alternance soignée des couleurs froides et chaudes, Matt Wilson et Cliff Chiang renforcent l'impact du récit tout en lui donnant un aspect visuellement marquant.

Paper girls volumes 1 et 2 est une grande réussite, et j'espère que les numéros suivants le seront tout autant. 

All the murmuring bones, Angela Slatter

C'est un cliché éculé, mais nous ne sommes pas armés pour comprendre les anglos-saxons, et encore moins leurs catégories et sous-catégor...