tag:blogger.com,1999:blog-41584121055660332322024-03-05T03:04:11.064-08:00Rocking chair with a viewGeorgette A.http://www.blogger.com/profile/15326387528162977876noreply@blogger.comBlogger74125tag:blogger.com,1999:blog-4158412105566033232.post-86059212377159154292020-08-28T08:52:00.005-07:002020-08-28T09:10:06.300-07:00Gideon the ninth, Tamsyn Muir - Summer horror #3<p> Cette semaine, on pourra argumenter avec aisance sur le fait que "non, des nécromantes badass menant l'enquête dans l'espace, ce n'est pas de l'horreur", et on aura partiellement raison. Mais dans la mesure où l'état de nécromant implique de jouer avec la mort, de diriger des cadavres comme s'ils étaient de petits robots domestiques, et que la totalité du roman comporte des meurtres sanglants et une belle quantité de viscères, accordons nous à dire qu'on est pas si loin. Et que je fais ce que je veux, na.</p><p>Cela faisait bien longtemps que je voulais lire ce roman : je ne vois pas quel lecteur rigide et dépourvu de sensibilité artistique aurait pu résister à cette couverture, qui représente notre héroïne, Gideon, cavalière nécromante ultime, dont l'unique but semble être d'envoyer de sérieuses ondes de cool à toutes les pages. Gideon Nav, n'ayons pas peur des mots, est la version féminine de Snake Plissken, et une combattante hors pair à l'épée longue.</p><p> </p><p></p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEg1ztEXjPFU5SyxkvGON2fTugtl8dFHMtvSN87HXMtFwHjR1Ii0FWzJaLePm1jidCGjAvFMSLkws8Xt_mPWQCoYqltW0f4l6ll0dLUSFZFABJBB7Y-7T_hgBs_CUxvU-1bQAwK4Nv4iMX2u/s2048/81UgIZXiolL.jpg" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="2048" data-original-width="1325" height="640" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEg1ztEXjPFU5SyxkvGON2fTugtl8dFHMtvSN87HXMtFwHjR1Ii0FWzJaLePm1jidCGjAvFMSLkws8Xt_mPWQCoYqltW0f4l6ll0dLUSFZFABJBB7Y-7T_hgBs_CUxvU-1bQAwK4Nv4iMX2u/s640/81UgIZXiolL.jpg" /></a></div> <p></p><p>Ceci étant dit : Gideon a été récupérée enfant par la Neuvième Maison (un étonnant système de 9 nobles maisons de nécromants ayant promis obédience à l'Empereur Immortel, et de neuf planètes, qui caractérise le mélange de space opéra et de fantasy de ce roman), et appartient donc à ses maîtres bien malgré elle. A ses maîtres, c'est à dire à <span class="cr-widget-FocalReviews" data-hook="cr-widget-FocalReviews"><span class="a-size-base review-text" data-hook="review-body"><span>Harrowhark Nonagesimus, héritière capricieuse de la Neuvième Maison, avec laquelle elle entretient des relations orageuses reposant sur de vicieux traits d'esprits.</span></span></span></p><p><span class="cr-widget-FocalReviews" data-hook="cr-widget-FocalReviews"><span class="a-size-base review-text" data-hook="review-body"><span>L'éducation stricte au sein de la Neuvième Maison a fait de Gideon une formidable guerrière, et celle-ci compte en profiter pour se libérer de son joug. Mais l'intrigue malicieuse combinée par l'autrice va contraindre Harrohark et Gideon à s'allier pour répondre à la requête de l'empereur, qui souhaite rafraîchir sa cohorte de généraux immortels.</span></span></span></p><p><span class="cr-widget-FocalReviews" data-hook="cr-widget-FocalReviews"><span class="a-size-base review-text" data-hook="review-body"><span>La sélection se situe sur une planète à part, et évoque furieusement un croisement entre Agatha Christie, Dario Argento, et une télé-réalité inédite. Les rebondissements s'accumulent, et le récit va où il veut, heureusement soutenu par le ton irrévérencieux de Tamsyn Muir.</span></span></span></p><p><span class="cr-widget-FocalReviews" data-hook="cr-widget-FocalReviews"><span class="a-size-base review-text" data-hook="review-body"><span>Malgré mon enthousiasme, il est honnête de reconnaître que le roman est loin d'être parfait : certaines intrigues sont grossières, l'aventure n'est pas dépourvue de longueurs et de de facilités. Mais on appréciera tout de même cette mythologie macabre étonnante, créée par Tamsyn Muir, dont les descriptions donnent au roman une ambiance fascinante : ossements partout, spectaculaires costumes tragiques des soeurs de la Neuvième Maison, et décors à gros budget. </span></span></span></p><p><span class="cr-widget-FocalReviews" data-hook="cr-widget-FocalReviews"><span class="a-size-base review-text" data-hook="review-body"><span>Le traitement des personnages est plutôt bien mené, et se base sur la focalisation interne autour de notre cavalière. Gideon est une grosse costaude, pas forcément brillante, mais en tant que notre narratrice, elle perçoit ses spécificités comme normales. C'est donc au travers des réactions des autres personnages que nous découvrons l'effet qu'elle fait. Combien elle impressionne, combien elle effraye ou se comporte comme une enfant, et certaines de ces scènes sont éminement satisfaisantes. <br /></span></span></span></p><p><span class="cr-widget-FocalReviews" data-hook="cr-widget-FocalReviews"><span class="a-size-base review-text" data-hook="review-body"><span>Ce qui a tendance à me faire penser que l'apparence des choses est essentielle dans ce roman, qui est une sorte de grand décor de théâtre dans lequel les personnages se donnent à coeur-joie. Hélas, cela peut aussi conduire à un certain manque de profondeur dans l'intrigue principale (que cette fin semble artificielle !), mais le plaisir de lecture reste intense, et on aurait bien tort de se priver de la verve que Tamsyn Muir prête à ses héroïnes.<br /></span></span></span></p><p>Pour ma part, je vais me jeter sur la suite.<br /></p><p><b>Gideon the ninth, Tamsyn Muir, The Locked Tomb #1, Tor.com.</b><br /></p>Georgette A.http://www.blogger.com/profile/15326387528162977876noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-4158412105566033232.post-43151430306096930002020-08-20T08:04:00.008-07:002020-08-21T02:16:49.283-07:00The Sun Down Motel, Simone StJames - Summer Horror #2<p> Cette frénésie de lectures horrifiques se passe plutôt bien, et il est temps à présent d'aborder le livre suivant. Quittons donc la brume des montagnes mexicaines pour le skaï veillissant d'un motel années 60, avec le réjouissant The Sun Down Motel, de Simone St James.</p><p>La lecture de romans de fantômes est un parfait passe-temps pour l'amateur d'architecture : en effet, les esprits se distinguent régulièrement par leur parfait bon goût: monastères médiévaux, demeures victoriennes, hôtels art déco, et donc, dans ce roman, motel 60's typique de la Googie architecture (on pourrait tout à fait puiser dans l'imaginaire de <i>Sale temps à l'hôtel El Royale</i>, étrange film de genre qu'on doit à Drew Goddard, le petit malin de <i>La Cabane dans les bois</i> - j'avais prévenu que cet été dégoulinerait de genre).</p><p></p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiHxhoiRbEIF1S97aMXfRXAXNYFOccaWDKsEjm4VqhJ_f8NeJHvoAswRKCIbTNPONmNaHGCLlkrFCtW-mFDfbEAWB83KMf4muk8oxvO4OwgjszakKalknaXiXAlL19F2_WP1DIPUaCxebwd/s2048/91jHT8vXHcL.jpg" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="2048" data-original-width="1356" height="640" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiHxhoiRbEIF1S97aMXfRXAXNYFOccaWDKsEjm4VqhJ_f8NeJHvoAswRKCIbTNPONmNaHGCLlkrFCtW-mFDfbEAWB83KMf4muk8oxvO4OwgjszakKalknaXiXAlL19F2_WP1DIPUaCxebwd/s640/91jHT8vXHcL.jpg" /></a></div> <p></p><p> The Sun Down Motel nous entraîne à la suite de deux héroïnes : Viv Delaney, jeune aspirante actrice, qui échoue dans une petite ville de l'Etat de New York en 1982, et se retrouve à tenir l'accueil de nuit du fort peu reluisant Sun Down Motel, et Carly Kirk, sa nièce, qui, en 2017, à la suite d'une brouille familiale, décide de partir à la recherche de sa tante Viv, mystérieusment disparue en 1982. Et quoi de mieux, pour cela, que de se faire embaucher au même poste que sa tante, poste qui semble décidément bien manquer de candidats ?</p><p>Et à raison, car, comme tout le monde le sait dans la petite ville de Fell, une fois la nuit tombée, The Sun Down Motel regorge de fantômes et de vieux souvenirs. Les portes s'ouvrent et se ferment, des bruits de talons se font entendre sur la moquette sans âge, la machine à glaçons grince et une forte odeur de cigarette se dégage du rez-de-chaussée sans qu'on ne voie jamais le fumeur... </p><p>Fell elle-même n'est pas une charmante petite ville sans mystères : que dire de sa cohortes de jeunes filles disparues sans explication ? <br /></p><p>C'est donc une narration à deux vitesses qui commence, un cliché qu'on trouve de plus en plus souvent, ce qui lui fait perdre de sa fraîcheur (je pense par exemple à une autre lecture d'été, The Deep, d'Anna Katsu, qui usait du même procédé de manière très artificielle). Ce n'est pas le cas ici, car l'emboîtement des récits est savament concocté pour nourrir le suspens. Le lecteur est maintenu en haleine sur les deux lignes narratives, alternativement thriller fantastique et enquête, dont il ignore les fins et qui lui réserveront un satisfaisant twist final.</p><p>Les personnages ne sont probablement que des archétypes, mais c'est la force de The Sun Down Motel de se prendre exactement pour ce qu'il est : une aventure distrayante dont les tours et détours doivent étonner.</p><p>N'est-ce pas ce qu'on demande à un bon roman de fantômes ? De savourer l'ambiance et de trembler pour les héros ? C'est ce que ce roman d'été réussit à faire, en jouant adroitement avec le lecteur.<br /></p><p><b>The Sun Down Motel, Simone St James, Berkley, 2020.</b><br /></p>Georgette A.http://www.blogger.com/profile/15326387528162977876noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-4158412105566033232.post-37741151324160053942020-08-13T07:08:00.003-07:002020-08-13T07:13:39.913-07:00Mexican gothic, Silvia Moreno Garcia -summer horror #1<p> Hey !</p><p>Cet été, j'ai décidé d'oublier la situation complexe dans laquelle nous pataugeons en m'accordant une vraie pause, uniquement constituée de lectures régressives. Mon mois d'août n'est donc constitué que de romans d'horreur US publiés en 2020, ce qui devrait me fournir une parfaite détente avant le retour à l'apocalypse quotidien. </p><p>Et quoi de mieux pour commencer cette session que ce petit bijou au ton vintage soigneusement reconstitué que constitue Mexican Gothic ?</p><p></p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiO_Gdm3FgLLWV2ImTPpquE367ygKuYEFFcmqu1wS9raj0qBaN4_IJ8aUM-yJrORWhGOle1YpHRv6Iv-PGpmEyTWK4q9w_3n7WpE6NhIUFoDcP_OguCJQ0EP6r2l3-_mqN2KcDJP5q1lwHN/s1483/20200705-002MXSMG.jpg" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="1483" data-original-width="1000" height="640" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiO_Gdm3FgLLWV2ImTPpquE367ygKuYEFFcmqu1wS9raj0qBaN4_IJ8aUM-yJrORWhGOle1YpHRv6Iv-PGpmEyTWK4q9w_3n7WpE6NhIUFoDcP_OguCJQ0EP6r2l3-_mqN2KcDJP5q1lwHN/s640/20200705-002MXSMG.jpg" /></a></div> <p></p><p><b>Lectorices de Daphné Du Maurier, fans de personnages Byroniens et de maisons hantées pleines de dentelles jaunies, Silvia Moreno-Garcia nous voit et nous fait un clin d'oeil !</b></p><p>Naomi Taboada est une héroïne moderne pour les années 50 qu'elle traverse : héritière Mexicaine roulant talons au plancher à bord de sa belle voiture, pas encore décidée à terminer ses études ou à cesser de papillonner parmi les gentlemens qui lui tournent autour, elle reçoit un jour une curieuse lettre de sa délicate cousine Catalina, mariée au loin à une noble famille désargentée.</p><p>La lettre, très mystérieuse, laissant supposer que la jeune femme n'a plus toute sa tête, parle d'empoisonnement et de fantômes : c'est plus qu'il n'en faut pour que Naomi parte enquêter dans les montagnes, à High Place, la résidence en déshérence de la famille. L'y accueillent des anglais dégénérés et passablement racistes, et une ambiance inquiétante en diable. Heureusement, Naomi ne va pas se laisser impressionner par des sortilèges d'un autre temps !</p><p>J'ai bien conscience qu'en résumant ainsi ce roman, je vous donne l'impression de lire une quatrième de couverture d'un Alice détective en bibliothèque verte (autrement dit, Nancy Drew, pour les petits malins). Et il y a peut-être un peu de cela dans cette héroïne solide, qui se laissera très difficilement émouvoir par les malfaisances de High Place et l'étiquette d'un autre temps de ses occupants. Mais tant mieux : le récit, qui puise avec malice dans le folklore des romans gothiques, n'en est que plus agréable. Ici, le jeune premier est bouffi d'orgueil, le grand-père honorable, un vieux raciste, et le vent de fraîcheur qu'apporte l'héroïne semble bien malvenu. Le roman joue avec l'idée du fantastique, et monte patiemment en tension entre roman gothique du XIXe et ombres du cinéma d'horreur 50's, avant de choisir dans son
dernier tiers une explication horrifique qui évoque irrésistiblement les seconds. </p><p>Avec Mexican Gothic, Silvia Moreno-Garcia se régale et contourne les clichés pour notre plus grande joie. Elle en profite d'ailleurs pour laisser soupçonner que les inquiétantes ombres romantiques du roman gothique du XIXe ne sont que fort peu féministes (choisissez le beau ténébreux à la demeure inquiétante et votre cousine plus maline sera obligée de venir vous tirer de là). C'est un des sous-thèmes du roman : retourner brillament les clichés gothiques pour donner à l'héroïne une chance de réfléchir, d'agir, et de décider de son propre destin. Mexican Gothic réussit donc à incarner le roman d'horreur féministe et à rendre un hommage affectueux aux récits qui l'ont précédé.<br /></p><p>L'ensemble est un régal d'été dont il serait dommage de se priver, et dont le succès américain semble assurer une<a href="https://deadline.com/2020/08/kelly-ripa-producing-mexican-gothic-limited-series-book-hulu-mark-consuelos-1203009498/"> adaptation en série.</a> Je suis curieuse de voir ça.</p><p><br /></p><p><b>Mexican Gothic, Silvia Moreno-Garcia, Del Rey Books.</b><br /></p>Georgette A.http://www.blogger.com/profile/15326387528162977876noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-4158412105566033232.post-56734805343914897892019-11-21T10:25:00.001-08:002019-11-21T10:26:04.333-08:00La fracture, Nina AllanLa Fracture est un roman de Nina Allan traduit par Bernard Sigaud, et édité chez Tristram en 2019.<br />
C'est le cinquième texte de l'autrice traduit en Français, après les formidables recueils Complications (2013), Stardust (2015), et les romans Spin (2015) et La Course (2017).<br />
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<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgnVlPKrZLLSoPd4mlKtaA7iZpeKiRe5OdceAAVhfu8T56_WUZIubz_HGpeWQk21iY05ZiqgIWZrhrsHYd1JWKylUqpaGaFir4z6kBxSWnzuMrUCHtGOn7tkulTz1TM-5lraB0z7AQBaJIV/s1600/La-fracture-%25E2%2580%2593-Nina-Allan.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="499" data-original-width="325" height="320" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgnVlPKrZLLSoPd4mlKtaA7iZpeKiRe5OdceAAVhfu8T56_WUZIubz_HGpeWQk21iY05ZiqgIWZrhrsHYd1JWKylUqpaGaFir4z6kBxSWnzuMrUCHtGOn7tkulTz1TM-5lraB0z7AQBaJIV/s320/La-fracture-%25E2%2580%2593-Nina-Allan.jpg" width="208" /></a></div>
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La Fracture commence par une disparition.<br />
Nos héroïnes sont deux soeurs, Séléna et son ainée Julie, au moment où la différence d'âge se met entre elles, où les préoccupations de Séléna ne sont plus celles de Julie.<br />
Par une soirée des plus anodines, Julie sort de la maison, peut-être pour aller voir une amie, peut-être pour faire une course... On en ignorera la raison : Julie disparaît.<br />
Vingt ans plus tard, Séléna mène le quotidien terne de sa vie adulte sereinement et sans panache, quand son téléphone sonne. Au bout du fil, Julie, qui lui propose de la rencontrer, et lui présentera comme explication à sa disparition une incroyable histoire.<br />
Peut-on la croire ? Julie est-elle bien Julie ?<br />
Tout en exposant finement la mécanique de la relation qui unit les deux soeurs, le roman nous égare d'allusions subtiles en images pleines de sens, pour vite devenir un grand roman du faux semblant. Nina Allan utilise tout son art pour composer avec différentes strates de réalité, différentes symboliques, et parvient tout à la fois à en dire assez pour éveiller notre petit enquêteur intérieur, et à dissimuler suffisament la réalité pour ne jamais nous permettre de parvenir à une explication.<br />
Pour multiplier les interprétations possibles, elle sème différentes pièces narratives, devoirs de lycée de Julie, courts épisodes qui semblent être autant d'étranges signaux d'alerte, dont la thématique semble être la réalité alternative, et les fantômes de celle-ci. Ces chemins que l'on aurait pas dû prendre, ces choses que l'on prétend faire et que l'on ne fait pas, ces amis disparus à qui l'on pense encore... Les voiles entre réalité et fantasme sont particulièrement ténus, pour la grande fascination du lecteur.<br />
Ce roman sensible et précis est tout à la fois un excellent roman de science-fiction, et une somme touchante d'histoires humaines.<br />
Il faut lire Nina Allan, et se sentir revigoré par l'originalité et l'exigence de son oeuvre.<br />
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<b>La Fracture, Nina Allan, traduite par Bernard Sigaud, Tristram, 2019.</b>Georgette A.http://www.blogger.com/profile/15326387528162977876noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-4158412105566033232.post-35696344151602254472018-10-25T08:39:00.000-07:002018-10-25T09:52:43.626-07:00Les rigoles, Brecht EvensLes nuits de Brecht Evens sont plus belles que nos jours, bonjour.<br />
Brecht Evens est sympathique, Brecht Evens dessine bien, Brecht Evens est le Neal Stephenson de la bande dessinée francophone ... Bref, parlons des Rigoles.<br />
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<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhJSK8zZiPgFR3pXjJ7Dh8-wkCBeNInz2KVcmplcNkAZ_3XOMgdoywv2DaE9jj66xQDT91AuuDprGhfEzk9LjbmzaUNoQ7NOyXiCDJID6VWYFQBc7fa33gPfF65UauzcqBzOj9FeJmT-2Wt/s1600/9782330108373.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="712" data-original-width="501" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhJSK8zZiPgFR3pXjJ7Dh8-wkCBeNInz2KVcmplcNkAZ_3XOMgdoywv2DaE9jj66xQDT91AuuDprGhfEzk9LjbmzaUNoQ7NOyXiCDJID6VWYFQBc7fa33gPfF65UauzcqBzOj9FeJmT-2Wt/s400/9782330108373.jpg" width="280" /></a></div>
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On se souvient de Panthère (un mystérieux animal imaginaire contamine les rêves et la réalité d'une petite fille esseulée), on se souvient des Amateurs (folie chorale d'une bande d'artistes décidés à réaliser une oeuvre collective d'art contemporain à la campagne), mais, quand on lit les Rigoles, on se souvient surtout des Noceurs (heurs et malheurs de Robbie, le Monsieur Loyal de toutes les soirées réussies). Les Noceurs était déjà une bande-dessinée sur l'art de se perdre dans les fêtes urbaines, ou comment joie et futilité peuvent procurer lors du temps suspendu qu'elles constituent une sorte de consolation, un remède réparateur.<br />
Dans les Rigoles, on retrouve un peu de notre cercle de joyeux fêtards, mais la tonalité qui domine tient de la mélancolie douce.<br />
Trois personnages hauts en couleurs se partagent le livre, et la soirée qui s'écoule est constituée de leurs expériences douces-améres : Jona passe ici sa dernière nuit avant de quitter la ville, et ce qu'il voudrait laisser derrière lui ne cesse de le poursuivre, le Baron Samedi (un ami de Robbie) tente de soigner son coeur brisé en se perdant dans les fêtes les plus fantastiques, et Victoria passe une douloureuse soirée en compagnie d'amis, à se couler dans une normalité qui n'est pas tout à fait la sienne.<br />
Trois aventures personnelles complexes, dans le cadre chatoyant des fêtes de Brecht Evens, tellement belles qu'elles font tout oublier : les bars sont légion, les gens joyeux, le taxi sort d'un conte... et cependant, alors que l'on touche du doigt cette magie fêtarde, aucun des trois héros ne s'y retrouve vraiment.<br />
Les Rigoles est le récit de trentenaires qui se font rattraper par le réél, alors que leur oblivion se révèle pour ce qu'il est : une féérie limitée, pour laquelle les coups de minuit qui marquent la transformation en citrouille ont déjà retenti.<br />
Et là sont peut-être les limites de l'exercice : nombreux sont les lecteurs à ne fréquenter ces glorieuses bacchanales que livresquement, voir à ne pas les apprécier du tout, et plus nombreux encore sont-ils à déjà bien connaître les limites des oublis nocturnes : en ce cas, ressentir de la sympathie pour ces personnages légers est plus difficile, et les lecteurs dans cette situation ne ressentiront sans doute d'intérêt que devant la brillante maîtrise technique de l'auteur.<br />
Cela tombe bien, jamais Brecht Evens n'a été plus inspiré, et l'album est une fête en soi : l'auteur inclut dans ses pages maintes citations d'autres artistes, joue avec les plans, le noir & blanc, l'harmonie des couleurs... Les Rigoles est une symphonie qui célèbre le monde de la nuit, et c'est bien comme cela que l'on peut lire cette bande dessinée : en laissant ses yeux s'émerveiller de la beauté de la promenade, comme l'auditeur se laisse emmener en écoutant son musicien préféré. Nous y sommes, c'est très beau, et nul ne sait ce qui se produira lors de la page/note suivante, mais cet instant dont nos sens se régalent, cet instant... est magique.<br />
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Les Rigoles, Brecht Evens. Actes Sud BD, 2018.<br />
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* Pardon. Je sais. Aimer autant ce travail chatoyant me positionne illico en tant que hipsterette téléramesque, alors que peut-être toi-même, tu n'y es pas très sensible. Alors pour te remettre, tu peux aussi voir <a href="http://juliedoucet.net/">Julie Doucet</a>, et <span class="st"><a href="https://en.wikipedia.org/wiki/Johnny_the_Homicidal_Maniac">Jhonen Vasquez</a>, ça fera respiration. Des bisous.</span>Georgette A.http://www.blogger.com/profile/15326387528162977876noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-4158412105566033232.post-13344078412692565112018-10-08T10:08:00.000-07:002018-10-08T12:51:00.136-07:00Déracinée, Naomi NovikPlaisir coupable que l'on s'administre en cas de besoin avec un bon chocolat et un plaid, le roman-initiatique-de-fantasy-pour-jeunes-filles recèle parfois de bonnes surprises.<br />
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<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEh7QNob6nIegbGVRfvChj7wKFgGx64XSO4hGlwZj0Zxy3Rrkm0654tkA2uIFH0vXklrmrK6uRYcCq_mLkDu5DMYiHxA_x1im8zekl5b4z9-Q3j5rpKzYiqOI5KVeX6AD7Qv6q7OAGoaBTyu/s1600/Deracineenovik.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="404" data-original-width="250" height="320" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEh7QNob6nIegbGVRfvChj7wKFgGx64XSO4hGlwZj0Zxy3Rrkm0654tkA2uIFH0vXklrmrK6uRYcCq_mLkDu5DMYiHxA_x1im8zekl5b4z9-Q3j5rpKzYiqOI5KVeX6AD7Qv6q7OAGoaBTyu/s320/Deracineenovik.jpg" width="198" /></a></div>
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Ah, merveilleux romans-initiatiques-de-fantasy-pour-jeunes-filles, ils ne nous déçoivent jamais !<br />
Avec leurs lots de situations canonniques pré-écrites, comme ici, histoire que vous avez entendue 100 fois : dans un petit village slave, au fin fond d'un Royaume dont on a oublié le nom, et juste à côté d'une menaçante forêt, une jeune fille est envoyée, chaque année, tenir compagnie au Dragon, un mystérieux sorcier (Ah, je te l'avais dis, tu l'as lu mille fois). Les parents le savent, et surveillent bien leurs filles, en les enlaidissant le jour J, en s'assurant qu'elles n'aient pas trop de talents naturels (Mélanie Fazi en a même écrit une version, d'ailleurs), en scrutant chez leurs voisins pour identifier celle qui sera choisie.<br />
Cette année, comme toujours, exceptionnellement (tiens donc !), au grand dam des villageois, ce n'est pas la jolie Kasia qui est choisie, mais Agniezka la souillonne, et même le sorcier en soupire déja de fatigue.<br />
C'est qu'Agniezka n'est pas très soigneuse, a un fichu caractère et déteste cuisiner.<br />
En revanche, elle montre pour la sorcellerie un talent tout personnel, désordonné, et incompréhensible pour notre immortel freluquet magique, qui pratique une magie policée, qui fait penser à une version scienticisée du noble art des sorcières à verrues et chapeau pointu (et là tu me diras, ça commence à être un peu cool, cette affaire).<br />
Le sorcier, qui devrait selon le schéma narratif nous servir d'image un peu mystérieuse et dangereuse de la masculinité, pourrait être décrit ici comme un premier de la classe soigneux, qui a pour tâche de protéger le village contre la forêt maléfique qui l'entoure et la dévore peu à peu.<br />
Heureusement, pendant qu'il fait son devoir, au moindre danger, Agniezka lui pique des potions, défend la veuve et l'orphelin, assomme des preux chevaliers trop convaincus par la légitimité du droit de cuissage, et se comporte en général comme une épuisante sorcière stagiaire.<br />
A tel point qu'elle parvient à sauver sa meilleure amie, Kasia, la jolie fille mentionnée plus haut (comment ça, tu avais suivi?), tombée sous l'influence de la forêt maléfique, gagnant ainsi sa légitimité en tant que vraie sorcière.<br />
À la suite de quoi va se produire tout un bazar à base de rois, de reines ensorcelées et de dynastie qui diminue à vue d'oeil pour cause de forêt maudite (je te laisse découvrir le détail en le lisant), qui n'aura pour d'autre effet que d'établir Agniezka sorcière protectrice du village (avec une histoire d'amour en cours pas trop mièvre avec le sorcier sus-mentionné), et Kasia la jolie fille, ravie de sa reconversion professionnelle en chevalière badass et lawful good.<br />
Et tout cela fait de Déracinée un livre très sympathique, dans lequel Naomi Novik joue avec les clichés du genre pour toujours donner le beau rôle aux filles, leur accorder le choix, et la force d'agir ou de se défendre. La solidarité féminine et l'amitié y tiennent d'ailleurs une grande place, ce qui est tout à fait appréciable.<br />
Et le libraire qui me disait que c'était un bon livre pour ados, et bien bigre, même adulte, on peut y prendre du plaisir. <br />
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<b>Déracinée, Naomi Novik, J'ai Lu, 2018.</b>Georgette A.http://www.blogger.com/profile/15326387528162977876noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-4158412105566033232.post-63779517617844892052018-09-20T08:51:00.002-07:002018-09-20T12:22:17.350-07:00Way inn, Will WilesLa rentrée constitue l'une des périodes où la dissonance entre le temps apaisé des vacances et les servitudes du monde contemporain est la plus forte.<br />
C'est donc le moment idéal pour lire le roman de Will Wiles.<br />
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<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjQg6DkcXfziQHoL_HzzxImHkWhuSowz4o6rrS7JA4OIy6GHIYL6C6ulJ2Q2844X6S84D45EaHL_te2GwFPrId96SxRAgXnKwADSNgFuVtfwrEQx0DbnFG5PZJqPNEPpOPw_zm-CsCQMZUj/s1600/WayInn_couverture.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="1240" data-original-width="915" height="320" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjQg6DkcXfziQHoL_HzzxImHkWhuSowz4o6rrS7JA4OIy6GHIYL6C6ulJ2Q2844X6S84D45EaHL_te2GwFPrId96SxRAgXnKwADSNgFuVtfwrEQx0DbnFG5PZJqPNEPpOPw_zm-CsCQMZUj/s320/WayInn_couverture.jpg" width="236" /></a></div>
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J'en veux pour preuve : Neil Double, le héros, occupe l'étonnante profession de double de congrès pour cadre. En résumé, les congrès sont une plaie auxquels les cadres vont munis de leurs plus beaux costumes, la valise remplie de cartes de visites, pour sociabiliser avec d'autres cadres dans un but de réseautage professionnel, et prendre des notes qui justifieront que leur hiérarchie leur ait offert ledit congrès.<br />
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Ceci, nous dit Neil, est fortement ennuyeux pour tout le monde. Sauf pour lui, qui adore l'atmosphère hygiéniste et anonyme des chambres d'hôtels, et a transformé ses visites aux conférences en véritables promenades psychogéographiques (si vous faites appel à ses services, il vous ramènera également badges, stylos et mugs promotionnels pour attester de votre présence).<br />
La profession disruptive de Neil est donc appelée à un bel avenir.<br />
Jusqu'au jour où un incident le contraint à fréquenter de plus près le milieu aride des couloirs de chaînes d'hôtels, leurs moquettes interchangeables et leurs peintures abstraites.<br />
Comme le sommeil de la raison engendre des monstres, nous dit Goya, Neil va découvrir que l'utilitarisme le plus propret constitue le nid idéal pour l'horreur débridée, période Jack-Halloran-écrit-dans-sa chambre-de-l'Overlook.<br />
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Will Wiles écrit un roman réjouissant et hyper contemporain, dont l'écriture clinique et détachée permet la distance nécessaire pour parodier les rites de l'entreprise.<br />
Les amateurs du Ballard de Crash et de I.G.H. trouveront du plaisir à fréquenter les couloirs de Way Inn, et la deuxième partie du roman devrait également satisfaire les nostalgiques du King horrifique des années 70-80.<br />
On passe un moment délicieusement acide avec Way Inn, qui constitue un honorable roman d'horreur, comme cela fait bien longtemps qu'on en avait pas lu.<br />
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<b>Way Inn, Will Wiles, traduit par Marie Surgers, La Volte, septembre 2018.</b>Georgette A.http://www.blogger.com/profile/15326387528162977876noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-4158412105566033232.post-69916620143995071992018-09-10T13:02:00.000-07:002018-10-08T05:00:35.420-07:00Moi ce que j'aime, c'est les monstres, Emil FerrisQu'on arrête de respirer, qu'on s'accroche à ses binocles et qu'on serre les rangs, Emil Ferris s'en vient chez nous !<br />
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<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhllP0YiskETV32227hAUqnoBDDwPpqI9kNF3vntmW6PBjcG0I-_KdASDAC2qlY03hxesSUjUpHjJQ8clXKbs6OoozC9N4O_9Gyls3uvnbjyO9cMmJCwDQoIHwPAzOEFNZYbi669UGCEI8J/s1600/Moimonstres.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="1572" data-original-width="1217" height="320" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhllP0YiskETV32227hAUqnoBDDwPpqI9kNF3vntmW6PBjcG0I-_KdASDAC2qlY03hxesSUjUpHjJQ8clXKbs6OoozC9N4O_9Gyls3uvnbjyO9cMmJCwDQoIHwPAzOEFNZYbi669UGCEI8J/s320/Moimonstres.jpg" width="247" /></a></div>
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Le chef d'oeuvre annoncé d'Emil Ferris, c'est ce roman graphique qui est paru aux Etats-Unis en février 2017, et a ramassé trois Eisner Award 2018 (meilleur album, meilleur auteur/artiste, meilleure mise en couleur). Les critiques des plus grands journaux internationaux sont à genoux devant tant de beauté, Monsieur Toussaint Louverture, maison d'édition française sujette aux emballements éditoriaux, en a le palpitant qui frétille.<br />
Devant le succès annoncé, il s'agit de composer une symphonie publicitaire à laquelle le lecteur susceptible de dépenser 34,90€ pour un tome 1 sera sensible, et, tu l'as vu toi-même, si toi aussi tu t'es retrouvé cet été à une heure indue à communiquer avec un Bot Facebook publicitaire, chez MTL, on sait plutôt bien s'y prendre.<br />
Donc, les hipsters ont hipserisé, on a commandé son exemplaire comme tout le monde, et déchiffré ses trois-cent seize pages couleur illustrées au stylo Bic.<br />
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Le roman graphique (car densité comme quotient texte manuscrit/dessin appellent cette dénomination) raconte le quotidien troublé d'un quartier pauvre de Chicago en 1968, vu par Karen Reyes, jeune pré-adolescente à l'éblouissant talent de dessin, dont nous lisons le journal.<br />
Suite au meurtre de sa belle voisine, elle décide d'emprunter chapeau mou et imperméable à son grand frère et de mener l'enquête.<br />
Celle-ci la mène des sombres secrets de l'histoire de sa voisine à ceux que recèle son histoire familiale, et il lui faut tout son attachement au dessin et aux monstres de la culture populaire pour ne pas sombrer elle-même.<br />
Malgré les superbes illustrations d'Emil Ferris (Moi j'aime les monstres est la quintessence du livre Instagrammable), l'univers dépeint est particulièrement glauque et violent : l'environnement cruel dans lequel la petite détective grandit ou les terribles histoires d'Anka la belle décédée, ne sont mis en perspectives qu'à travers les images de monstres issues de la pop culture qu'utilise Karen dans ses dessins pour filtrer la violence.<br />
C'est notamment l'occasion de prouesses illustrées au début de chaque chapitre, qui s'ouvre sur une fausse couverture de magasine d'horreur.<br />
En définitive, malgré la réception enthousiaste générale, c'est l'image la plus tenace que l'on peut garder de ce tome 1 : des illustrations spectaculaires, qui, à force de beauté, ne parviennent pas complètement à servir le propos, en attirant notre attention sur la réalisation plastique plus que sur le fonds. C'est notamment le cas lors de passages plus faibles (car, en 316 pages, comme dans un roman bien dense, il y en a), où on ne peut s'empêcher de ressentir une tendance à se regarder dessiner.<br />
J'ai bien conscience que l'histoire personnelle d'Emil Ferris, qui réapprenait alors à se servir d'un crayon après une maladie, peut expliquer cela. Et je n'oublie pas non plus qu'il s'agit d'une première œuvre.<br />
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Malgré sa grande beauté, et les intrigantes thématiques abordées, il est peut être alors déraisonnable de crier au chef d'œuvre.<br />
Il paraît plus honnête de saluer une entreprise d'une singulière originalité, et d'espérer d'autres réalisations de l'autrice prodige.<br />
En attendant, Moi ce que j'aime c'est les monstres comblera probablement les fanatiques d'illustration disposés à en payer le prix.<br />
<br />Georgette A.http://www.blogger.com/profile/15326387528162977876noreply@blogger.com2tag:blogger.com,1999:blog-4158412105566033232.post-12064982321453140972018-04-30T09:27:00.000-07:002018-04-30T09:30:50.866-07:00Les forces de l'ordre invisible, Philippe BaudoinEn 2015, avait lieu au Musée Victor Hugor l'exposition Dessiner L'invisible, qui présentait des dessins obtenus lors de séances de spiritisme, de transes ou d'écriture libre. Ceux qui y sont allés ont pu y voir une pièce entière consacrée aux mystérieuses archives du gendarme Emile Tizané, sorte de True Detective à la française à lui tout seul.<br />
Le point d'accès de Philippe Baudouin, philosophe et réalisateur de documentaires sur France Culture, à cette intrigante personnalité n'est pas l'exposition, mais une recherche à l'Institut de parapsychologie, au cours de laquelle il découvre une boîte d'écrits manuscrits, envoyés par le fils d'Emile Tizané. En Suisse, les héritiers Tizané détiennent une cave pleine de papiers et de souvenirs, et c'est en la découvrant que Philippe Baudoin se lance dans la rédaction du livre dont il est question ici.<br />
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<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEioF0F6em5n7J2WJh7ZlltOlhYm_NKu-BJF0BlbWAyaZ_y7ckctgy6dI-2yLSNDsyzOhtxbSMWXWERmGYs28zKOjeXykhz_-XGu0P6dK0LorXtKJhqV8MCEH52i6sDLJjYmtJNh2nOrxckj/s1600/1ere_CouvertureTizane.png" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="1283" data-original-width="897" height="320" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEioF0F6em5n7J2WJh7ZlltOlhYm_NKu-BJF0BlbWAyaZ_y7ckctgy6dI-2yLSNDsyzOhtxbSMWXWERmGYs28zKOjeXykhz_-XGu0P6dK0LorXtKJhqV8MCEH52i6sDLJjYmtJNh2nOrxckj/s320/1ere_CouvertureTizane.png" width="223" /></a></div>
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Les forces de l'ordre invisible nous raconte une histoire stupéfiante : des années 30 aux années 60, le gendarme Tizané mène de front deux carrières. Au quotidien, il est gendarme, et progresse régulièrement en avancement. Mais en sous-main, il se spécialise dans la chasse à ce qu'il appelle "l'hôte invisible", de sous-préfectures en villages, de bourgs en lieux-dits.<br />
Dans cette branche inédite de l'enquête criminelle, il mobilise tout son savoir de gendarme. Schémas immortalisant l'envol de son képi dans une cuisine de ferme, nombreuses photographies montrant les forces invisibles (c'est à dire ne montrant rien).<br />
A force de grand écart entre rigueur forcenée et objet d'étude indémontrable, les archives de notre gendarme évoquent fortement l'oeuvre surréaliste, ce que pointe Philippe Baudoin avec une certaine malice : Emile Tizané n'est-il pas l'auteur de ce livre au titre prophétique, "L'hôte invisible dans le crime sans nom"? Son esprit rigide ne l'encourage-t-il pas à considérer "l'esprit frappeur comme un délinquant" ? La finalité du gendarme, arrêter les contrevenants fantômatiques pour les empêcher de nuire, recèle une certaine poésie burlesque, que l'on peut savourer au fil des pages.<br />
Malheureusement, son espoir de fonder un art policier de la chasse aux fantômes ne sera pas suivi d'effet, et le gendarme mourra dans de mystérieuses circonstances.<br />
L'ouvrage qui nous présente cette troublante histoire est une réussite sur le fond, entremêlant textes particulièrement référencés, que l'on aura plaisir à lire pour mettre en perspective les préoccupations de Tizané avec la France spirite de son époque, les fameuses archives manuscrites suisses, et de fascinants extraits du magazine Détective dédiés aux affaires de hantise.<br />
La forme est également superbe, et respecte le ton étrange du livre, avec une couverture bleu gendarme et dans les pages un contraste inédit entre encre mauve et vert fluorescent.<br />
Tout aussi curieux en main qu'il l'est à la lecture, Les forces de l'ordre invisible est un régal pour l'amateur de bizarre.<br />
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<b>Les forces de l'ordre invisible, Philippe Baudoin, Editions du Murmure, 2016.</b>Georgette A.http://www.blogger.com/profile/15326387528162977876noreply@blogger.com1tag:blogger.com,1999:blog-4158412105566033232.post-24210797898182016512018-02-04T08:13:00.000-08:002018-02-04T09:35:39.924-08:00Susto, LuvanLa Volte nous avait laissé en 2017 avec David Calvo et Toxoplasma, une Commune Montréalaise apocalyptique et effervescente, et nous récupère en 2018 avec Susto de luvan.<br />
Quelle entrée en scène !<br />
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On s'en rappelle, luvan a écrit deux recueils fantastiques beaux et exigeants, Cru et Few of Us chez Dystopia, produit textes pour le théâtre et la radio, performe et participe au collectif Zanzibar, entre autres choses.<br />
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<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEh2qP5_vuJPpVqVp8Wz9J5YZmRwfngoBjFvzfbGArJPaDP5VUg9WFb5-DRmuiFQp7CGDCgny9pcRxsrFMa4m465DRuzmcgBQy9jk9LwrO_4v26h2xGeXiKtNHO6pkQB2RcjRSu0oq4T9G64/s1600/CVT_Susto_8468.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="338" data-original-width="250" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEh2qP5_vuJPpVqVp8Wz9J5YZmRwfngoBjFvzfbGArJPaDP5VUg9WFb5-DRmuiFQp7CGDCgny9pcRxsrFMa4m465DRuzmcgBQy9jk9LwrO_4v26h2xGeXiKtNHO6pkQB2RcjRSu0oq4T9G64/s400/CVT_Susto_8468.jpg" width="295" /></a></div>
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Susto nous emmène dans un futur post-apocalyptique dans lequel, suite au réchauffement climatique, l'ensemble de la planète terre est devenu si chaud qu'il en est inhabitable. Les dernières installations humaines sont en Antarctique, là où le climat est resté vivable.<br />
Les différentes cultures sont représentées plus ou moins en fonction des installations scientifiques actuelles (on apprend notamment que Dumont d'Urville est peuplée de français snobs qui boivent du vin reconstitué), et des villes se sont créées : la ville de Susto, fondée sur l'île de Ross au pied du volcan Erebus par les mystérieux Pilgrim Ancestors, est une ville multi-culturelle où la langue officielle est l'Espéranto.<br />
Ce n'est pas pour rien que le roman démarre, comme dans une pièce de théâtre, avec une présentation des différents personnages : en effet, luvan nous raconte l'histoire de la ville à travers les yeux de ses différents habitants, et si on a quelques éléments architecturaux ou cartographiques sur Susto, c'est avant tout au collectif que luvan s'intéresse.<br />
Les différents chapitres présentent des instants du quotidien des Sustoïtes : le barman, l'espion (car lorsque commence le roman, les activités de certains habitants sont particulièrement surveillées), le pasteur, l'artiste, la vulcanologue*... Ces épisodes entremêlés d'extraits de documents historiques rédigés après coup permettent peu à peu de comprendre de quoi il est question, quelle est cette menace qui plane sur la ville et dont l'ombre terrifie les habitants (l'espanto, cette angoisse qui monte peu à peu).<br />
Il est difficile de résumer Susto, parce que c'est un roman choral complexe, dans lequel luvan entremêle narration et signes typographiques à déchiffrer (nous permettant de ressentir cette vérité : parfois l'action, l'émotion sont indicibles), avec des époques successives dans la conscience globale de la ville et une grande révélation finale dont les indices parsèment le récit. luvan ne résiste pas non plus à morceler son propos, et réclame l'attention forcenée de son lecteur : une histoire racontée sera par exemple interrompue par ses auditeurs, puis par l'auteur s'immisçant dans le récit, et d'histoire racontée par les personnages, devenir un élément de leur réalité. Structure et mise en oeuvre du roman sont savantes, et pourtant la tonalité de luvan est souvent familière et proche du jeu. Jeu dont la tonalité s'assombrira au fil de la lecture, car si les Sustoïtes sont touchants, certains d'entre eux sont plus qu'eux-mêmes, et un événement les attend (pas qu'un!) qui expliquera cette dimension quasi-mythologique qu'ils ont parfois.<br />
Susto est un livre remarquable de plusieurs manières : par ses beaux personnages, par sa poésie continue, par son humour, par la quantité de références dans lesquel puise luvan, par sa manière de laisser le lecteur travailler pour reconstituer le récit... C'est un roman exigeant, mais qui paye en retour son lecteur par son incroyable richesse.<br />
Cet article est bien pauvre et n'essaye même pas d'en lister tous les éléments, lisez Susto, plutôt! <br />
Il est difficile de lire ce roman sans penser à Yirminadingrad, projet de ville dystopique romancée auquel luvan a participé, ni sans penser également au Toxoplasma de Calvo, dans lequel l'île de Montréal s'érigeait en Commune utopique et rebelle.<br />
Si je peux pousser encore mes divagations, il me semble que si Yirminadingrad maltraitait et égarait ses individus isolés, ses héritières Montréal et Susto sont des lieux où le collectif se retrouve. Quelque soit le destin de ces initiatives, elles portent une véritable effervescence, et les deux fins de roman annoncent des graines semées pour le futur.<br />
Sachant cela, il reste à attendre avec impatience les futures publications de La Volte, et notamment Amatka, roman de Karin Tidbeck traduit par luvan.<br />
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<b>Susto, luvan, La Volte, 2018.</b><br />
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*Je ne parle pas de Waldman, la vulcanologue survivor du récit, ou d'Adina Sadovska, notre poète activiste, ou encore de Kurobozu, le mystérieux redresseur de torts, car il me faudrait leur réserver un deuxième article. Si je le faisais, je devrais alors parler de Yorgos le barman, de Laure Le Créac'h, de Baba Tristana... Georgette A.http://www.blogger.com/profile/15326387528162977876noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-4158412105566033232.post-39445497032805749432018-01-20T13:58:00.000-08:002018-01-21T02:40:31.328-08:00Zothique, Clark Ashton Smith"Terrible était la Mort Argentée; nul ne connaissait la manière dont elle se transmettait ni comment la soigner. Rapide comme le vent du désert, elle entra dans le Yoros depuis le royaume dévasté de Tasuun, rattrapant dans leur course nocturne les messagers mêmes qui tentaient d'alerter la population de sa proximité. Ceux qu'elle frappait éprouvaient une raideur instantanée, un froid glacial semblable au souffle échappé d'un gouffre lointain. En quelques minutes seulement, leur visage et leur corps blanchissaient étrangement, brillaient d'un faible lustre, puis se rigidifiaient tels de vieux cadavres.<br />
Dans les rues de Silpon et de Siloar, comme à Faraad, la capitale du Yoros, l'épidémie circula d'hôte en hôte, terrible lumière scintillant sous les lampes dorées. Les victimes s'effondraient à l'endroit où elles étaient frappées, baignées de cette lueur mortelle.<br />
Les cortèges bruyants et agités du carnaval s'immobilisèrent à son passage, et les fêtards furent pétrifiés en pleine liesse. Dans les riches demeures, les noceurs empourprés par le vin blêmirent au milieu de leurs banquets chamarrés, engoncés dans leurs sièges, tenant toujours une coupe à moitié vide entre leurs doigts raidis. Les marchands gisaient dans leur arrière-boutique, près des piles de pièces qu'ils avaient commencé à compter, quand les voleurs, entrés par la suite, furent incapables de repartir avec leur butin. Les fossoyeurs succombèrent dans les tombes qu'ils étaient en train de creuser, mais personne ne vint réclamer les places qu'ils s'étaient octroyées."<br />
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<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjFVzrB5xa2kDu-Zk6Auz_iwCnZbtnI8kOZOR2TvBuQYKLi8-gnGNOQxJ6t6tivCJy2v5w__U_tWEa9HiyDZknSazx_ecksjDgN6UPv2K3U_PBSMGpVp0vmDGtpJl0TKx-TOuUWGapDZ6r8/s1600/integrale-clark-ashton-smith-1-zothique-1141339860_L.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="500" data-original-width="500" height="320" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjFVzrB5xa2kDu-Zk6Auz_iwCnZbtnI8kOZOR2TvBuQYKLi8-gnGNOQxJ6t6tivCJy2v5w__U_tWEa9HiyDZknSazx_ecksjDgN6UPv2K3U_PBSMGpVp0vmDGtpJl0TKx-TOuUWGapDZ6r8/s320/integrale-clark-ashton-smith-1-zothique-1141339860_L.jpg" width="320" /></a></div>
On a pu lire Lovecraft, pour comprendre les parties de jeux de plateaux interminables faites avec les amis, on a pu lire Howard, pour comprendre les parties de jeu de rôle avec les mêmes, et finalement, on n'a pas fréquenté Clark Ashton Smith, membre du trio remarqué qu'il formait avec les deux précédents dans les sommaires du magazine Weird Tales (1924-1954).<br />
Smith était, ces dernières années, assez peu présent dans les calendriers de publication des éditeurs français : hormis une édition de ses poèmes (Celui qui marchait parmi les étoiles, Oeil Du Sphinx, 2013), et un essai sur son oeuvre (Les mondes perdus de Clark Ashton Smith, La Clef d'Argent, 2004 et 2007), ses nouvelles fantastiques étaient à peu près inaccessibles.<br />
C'est alors que le projet de Mnémos, et son crowdfunding immensément réussi, ont permis de financer la retraduction et l'édition de toute la fantasy de Clark Ashton Smith, donnant lieu à deux éditions : la luxueuse incarnation reliée des participants, et notre version papier, trouvable en librairie (et qui bénéficie tout de même d'une très belle illustration de couverture).<br />
Qui est Smith, et pourquoi devrait-on passer quelques temps en compagnie de sa fantasy décadente ?<br />
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Clark Ashton Smith (1893-1961), est un poète, sculpteur et peintre américain. Elevé dans une famille très pauvre (il vivra longtemps dans la maison de bois que son père a construit de ses mains), il aurait appris la poésie par la lecture attentive des plus grands auteurs. Il se fait repérer très jeune par un cercle de poètes Californiens mené par Georges Sterling, qui se font remarquer par leur bohème et leurs excès, et vit de jeunes années réputé et célébré.<br />
Mais cela ne dure pas, et c'est durant les moments d'incertitude financière qui suivent - et qui dureront pendant l'essentiel de son existence - qu'il compose pour Weird Tales les recueils fantastiques pour lesquels on se souvient de lui.<br />
Cette participation le met en contact avec Howard et Lovecraft, avec lesquels il aura une correspondance régulière.<br />
Les nouvelles de Clark Ashton Smith se déroulent pour l'essentiel dans 4 univers : Zothique, Hyperborée, Averoigne, et Poseidonis.<br />
L'ensemble de nouvelles se déroulant dans l'univers de Zothique constitue le premier tome de la réédition commercialisée par les éditions Mnémos.<br />
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Les nouvelles de Zothique se déroulent sur le dernier continent de la Terre, alors que le Soleil est mourant et que la fin de la vie terrestre s'annonce.<br />
Dans cette ambiance apocalyptique, Clark Ashton Smith place différents contes exotiques, tous entremêlant fantasy épique et horreur, parfois à la Howard, parfois à la Mille et Une nuits avec des éléments horrifiques à la Lovecraft. Cependant, si le fantastique Lovecraftien est celui de l'indicible, il en est chez Clarck Ashton Smith comme dans le film La Momie (Stephen Sommers, 1999), "La mort n'est que le commencement" : Zothique est un festival de cadavres animés de façons invraissemblables et burlesques, rois, esclaves, courtisanes et cannibales, tous morts, se livrent à une véritable farandole entre les pages, à tel point que la seule chose que peut prévoir le lecteur amusé, c'est que tout personnage mort ne le restera guère. On peut à ce titre sentir une certaine ironie qui affleure parfois sous le texte, Smith n'étant pas dupe de la magie qu'il convoque, et s'amusant lui-même aux tours les plus grotesques.<br />
Si Zothique est un monde de la fin, où les nécromants font la loi, où le motif de la corruption sous toutes ses formes est central, les récits et personnages en portent également la marque : les quelques jeunes premiers ne sont plus l'annonce de rien, et généralement, il est trop tard pour eux. L'heure des héros est passée. Les personnages principaux sont donc des ratés vieillissants, des rois malfaisants ou des sorciers maudits, et Smith ne fait jamais d'aussi bons personnages que ceux-ci, malfaisants jusqu'à en être archétypaux, auxquels il réserve des fins d'autant plus spectaculaires.<br />
En Zothique, les bons sont ennuyeux et les jolies fins convenues, mais les cauchemars sont grandioses.<br />
La traduction méticuleuse de Julien Bétan permet d'admirer ce qui fait la force de Clark Ashton Smith, ce qui justifie qu'il soit encore lu et édité aujourd'hui, c'est à dire son style grandiloquent, parfaitement maîtrisé, et qu'il puise chez les poètes décadents français et américains. La préface de l'édition de Mnémos nous rappelle que c'est chez Beaudelaire (qu'il a traduit), chez Gautier, chez Poe, et chez le Flaubert de Salammbô qu'il puisait l'ambiance délétère de ses contes, et la puissance incantatoire redoutable de ses meilleurs paragraphes.<br />
Car, si Zothique reste un recueil parfait pour l'amateur de fantasy épique et sans malice, il y a un véritable plaisir à trouver au détour de certaines descriptions superbement travaillées, où Smith entremêle sens du spectaculaire, maîtrise parfaite de la langue, et ironie subtile.<br />
Ce premier volume se verra complété par les tomes suivants, et le prochain, Averoigne, nous emmènera dans une Auvergne médiévale ré-imaginée. <br />
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<b>Zothique, Clark Ashton Smith, traduit par Julien Bétan. Mnémos, 2017.</b>Georgette A.http://www.blogger.com/profile/15326387528162977876noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-4158412105566033232.post-26740967553245183822018-01-07T03:54:00.001-08:002018-01-07T03:54:46.862-08:00IntermèdeCe blog n'est pas clos.<br />
Pour l'heure, la réalité est exigeante.<br />
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<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhQfB2z336fwt8HZOfsvgHQODRQGphj4aNIs8AzVG7c1QQZ8bo9npgEZ-4GyEmt66pYXEDIk6RsVlVFJOpQHMVYVVnnBmf1fFaz9IXtZHyxfBB7kAW0DQp0UfbApJ924AzAulLCxeJjwZXk/s1600/theskywillfall.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="706" data-original-width="600" height="320" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhQfB2z336fwt8HZOfsvgHQODRQGphj4aNIs8AzVG7c1QQZ8bo9npgEZ-4GyEmt66pYXEDIk6RsVlVFJOpQHMVYVVnnBmf1fFaz9IXtZHyxfBB7kAW0DQp0UfbApJ924AzAulLCxeJjwZXk/s320/theskywillfall.jpg" width="271" /></a></div>
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Mais on a lu des choses chouettes : Clark Ashton Smith, James Sallis, Italo Calvino, Alex Jestaire, David Calvo, Roland C. Wagner...<br />
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Vivement !Georgette A.http://www.blogger.com/profile/15326387528162977876noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-4158412105566033232.post-75818425503393183452017-10-09T13:43:00.000-07:002017-10-09T13:47:16.180-07:00The only ones, Carola Dibbell"J'ai dû regarder par la fenêtre peut-être dix minutes avant que Rauden
arrive, il soufflait tellement fort qu'il a dû se reposer le gras contre
la porte un moment. "Si vous voulez bien me suivre dans mon bureau?",
il me fait. "Pour quelques tests...rien d'invasif. Janet!", il crie. "Pas d'appels. Je vais dans le Débarras avec le Sujet."<br />
Sujet? Alors
ça c'est une nouvelle. Je savais pas que j'étais le Sujet. Je croyais
que j'étais le Coursier. Coursier, tu fais un voyage. Sujet, tu sais pas
c'est quoi qui va arriver.<br />
Ben moi ça me va."<br />
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<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgncydW9AA1tMHj89_0VaVWbX5UuvyCrrfYz5Tea2cKz-wwa9ga7BMYakqhCxgkynOM83C5bUdAL6q_t-WhNZ6u0xLRaB7WpLft_TI4MNyJi1W68p2c2oCM15s-MOKvPLgpWp661_YafTZC/s1600/CV_OnlyOnes.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="1600" data-original-width="1135" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgncydW9AA1tMHj89_0VaVWbX5UuvyCrrfYz5Tea2cKz-wwa9ga7BMYakqhCxgkynOM83C5bUdAL6q_t-WhNZ6u0xLRaB7WpLft_TI4MNyJi1W68p2c2oCM15s-MOKvPLgpWp661_YafTZC/s400/CV_OnlyOnes.jpg" width="282" /></a></div>
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<br />
On pourrait entrer dans The Only ones par la comparaison.<br />
C'est La route de Mc Carthy mais avec des filles, ou bien c'est Journal de nuit de Jack Womack, mais à l'envers, de la pénombre vers la lumière, ou encore c'est La Servante écarlate d'Atwood avec des technologies génétiques.<br />
Ce serait assez juste : tous textes dystopiques puissants, mettant en scène d'impressionants personnages principaux, servis par de belles écritures. <br />
Mais ce serait trop rapide, et on n'aborderait pas tout ce qui fait l'intérêt de The Only ones, premier roman écrit par la journaliste rock Carola Dibbell.<br />
<br />
Lorsque Moira Kissena Fardo commence à nous raconter son histoire (à nous/ à une mystérieuse tierce personne), elle décrit une toute jeune femme dans un monde décimé par les pandémies et la chute de la natalité. Les plus fortunés y survivent en essayant d'exercer un contrôle absolu sur leur environnement : ils vivent dans des dômes aseptisés, contrôlent entrées et sorties, sources d'alimentation et imperfections génétiques ...<br />
Moira, elle, a survécu dans un des quartiers les plus pauvres de New York, en buvant l'eau contaminée des flaques d'eau, malgré le risque d'attraper les pires maladies.<br />
Car Moira est une Vivace : son ADN modifié lui permet de résister à toutes les épidémies.<br />
C'est cette caractéristique qu'elle vend pour survivre depuis son enfance, sous toutes ses formes : dents, sang, ovules ... Comme elle le dit dans l'extrait ci-dessus, elle est le coursier de son propre corps, un coursier détaché, plus mauvaise herbe qu'être humain, qui cherche avidement à persister dans le monde.<br />
Au cours d'une de ses "livraisons", elle se retrouve mêlée à un projet scientifique bricolé dans une ferme, duquel elle partira chargée d'un enfant, Ani, son clone, qu'elle va élever malgré les dangers.<br />
Cette éducation est au coeur de l'histoire : c'est au travers de la lutte pour nourrir sa fille, l'éduquer et lui offrir une meilleure vie que Moira gagne son humanité. A travers l'amour absolu qu'elle lui porte, à travers les sacrifices qu'elle lui consent, Moira se trouve elle-même.<br />
Si dépouillé de ses atours science-fictifs, The only ones est un
incroyable récit d'amour maternel, qui dépeint avec efficacité le combat
de parents pour offrir un meilleur destin à leurs enfants. <br />
<br />
Carola Dibbell fait un travail d'écriture remarquable avec des moyens très simples.<br />
Notre narratrice non fiable, Moira, est illettrée. Elle n'a pas un vocabulaire très étendu, mais cette limitation et les répétitions qui en découlent décuplent la puissance des émotions évoquées.<br />
A titre d'exemple, le gimmick "Et qui je vois ? Ani Fardo, toujours vivante", régulièrement utilisé, traduit à chaque fois efficacement l'émerveillement des retrouvailles lors que toutes deux ont été séparées, ne serait-ce que par l'école. Le jeu avec cette expression parvient à traduire plusieurs choses : la fragilité de la vie dans ce monde, l'éblouissement face à la survie de la petite fille, et l'amour inconditionnel que Moira lui porte. La rythmique rock qui impacte tout le récit, vraissemblablement héritée de la critique musicale, fait de Moira une digne descendante de Lester Bangs.<br />
<br />
La science-fiction, sous la forme de cette société bouleversée et de la manipulation génétique, n'en est pas pour autant secondaire : la vision d'un monde où la survie dépend du bidouillage de l'humain, sous les formes d'un improbable do it yourself réalisé par un véto campagnard, est fascinante. D'autant plus que le roman s'abtient de juger de la monstruosité des créatures produites : pour Ani comme pour son grand ancêtre la créature de Frankenstein, ce qui compte réellement, c'est l'humanité, et l'amour de ses frères humains.<br />
Qu'on le lise pour ses aspects science-fictifs ou pour la qualité des relations qui y sont décrites, The Only ones, récit stupéfiant rédigé par une jeune auteur de 70 ans, est un très beau roman.<br />
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<b>The Only ones, Carola Dibbell, traduit par Théophile Sersiron, au Nouvel Attila, septembre 2017.</b><br />
<br />Georgette A.http://www.blogger.com/profile/15326387528162977876noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-4158412105566033232.post-23297782643543503122017-10-05T07:27:00.000-07:002017-10-06T06:07:02.393-07:00La course, Nina Allan"Le meilleur moyen de susciter la magie, c'est la décrire."<br />
<br />
Ce n'est pas moi qui le dis, mais Christy, jeune femme racontant son adolescence dans le dernier roman traduit de Nina Allan, La Course.<br />
<br />
Sur la magie, Nina Allan, éditée chez Tristram, en connaît un rayon. Elle est jusqu'à présent une de nos grandes mystificatrices, avec sa manière de tordre les fils du récit pour lui faire raconter finalement tout autre chose que ce à quoi le lecteur s'attendait. Si l'on veut s'en persuader, que l'on jette un oeil aux précédents recueils de nouvelles, Complications, Stardust, et à son roman, Spin.<br />
Il est donc légitime de s'attendre à quelques surprises réservées par la maîtresse de maison : la Course jongle avec les narrations non linéaires dont Nina Allan est friande. <br />
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<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiZnBPUfmQYClAzaP8VcIZO2wos_vtqlltnSyNq2nZrKUqmQPJ9itvv78m4fZbN6tNmkLGgFpnwn7d9rs7RszoJjm65nI3U7_4HK_TDF-rK2tM_8yI2YOCx6FOcFcxSE-wQWcc3d6TNCVYR/s1600/9782367190600FS.gif" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="500" data-original-width="327" height="320" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiZnBPUfmQYClAzaP8VcIZO2wos_vtqlltnSyNq2nZrKUqmQPJ9itvv78m4fZbN6tNmkLGgFpnwn7d9rs7RszoJjm65nI3U7_4HK_TDF-rK2tM_8yI2YOCx6FOcFcxSE-wQWcc3d6TNCVYR/s320/9782367190600FS.gif" width="209" /></a></div>
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Le récit nous entraîne à la suite de Jenna, jeune femme dont la famille survit dans les paysages dénaturés par les industries du gaz de schiste. Au coeur de ces décors bouleversés (on mentionne également une guerre dont les vestiges sont encore visibles), la ville de Sapphire ne se maintient que grâce aux courses de lévriers génétiquement modifiés.<br />
C'est sur le champs de course, là où les riches Londoniens viennent se distraire, que se trouve l'argent qui permet aux habitants de survivre : Jenna en fournit les champions en gants de cuir sur mesure, et son frère Del y fait courir ses lévriers modifiés.<br />
Au coeur de ce système économique se trouve la liaison télépathique entre le smartdog et son dresseur, favorisée par l'illégale (mais tolérée) altération génétique du chien, et par un implant dans le cerveau du dresseur.<br />
Dans ce monde où la science et les intérêts militaires et financiers coïncident, Loomi, la fille de Del, semble développer une singulière affection pour les smartdogs de l'écurie paternelle.<br />
Cette première partie se présente comme un roman de science fiction, jouant avec l'éthique, la génétique, et les conséquences de la pollution de l'environnement.<br />
<br />
Au détour d'une page, soudain, le lecteur quitte l'univers de Sapphire et se retrouve à Londres, pour y suivre la jeune Christy, aspirante écrivain aux difficiles années d'adolescence passées dans l'environnement d'un frère violent, à qui la littérature offrira une voie de secours. L'ambiance de la maison victorienne en pleine déréliction, l'obsession pour les choses du passé dans lequel vivent le père et le frère de Christy, tous deux antiquaires, et la pesante sensation de menace dans laquelle vit Christy évoquent le roman gothique.<br />
Une fois passé le choc initial de la rupture narrative avec le récit précédent, des parallèles étranges avec celui-ci se font jour : personnages aux angoisses similaires, événements ayant une même portée symbolique... La sensation de narration emboîtée se renforce sans cesse : qui écrit quoi ?<br />
<br />
Une partie des explications nous est donnée par l'intervention d'Alex, troisième partie du livre, journaliste marqué par un souvenir lié à Christy. A ce stade, le lecteur commence à envisager une forme de carte narrative.<br />
Carte qui sera encore compliquée par Maree, quatrième partie du récit, qui reprend un personnage déjà rencontré, dans un cadre et une temporalité absolument neuves : il s'agit cette fois de mener à bien un trajet en bateau sans cesse menacé par la présence de baleines tueuses à l'affut des navires. Au sein de ce récit se trouve enchâssée la description d'un documentaire ethnographique à la Flaherty décrivant les sacrifices humains faits aux baleines par un ancien peuple de marins vivant sur la côte. <br />
<br />
Le récit se termine par des annexes, qui donneront des prolongements supplémentaires à l'histoire tout en laissant maintes zones inexplorées.<br />
<br />
La Course est une extension du travail déjà exécuté par Nina Allan dans ses deux recueils de nouvelles. Tous deux étaient des fix-up (recueils de nouvelles séparées, agencées pour donner un ensemble narratif cohérent), et Nina Allan jouait déjà avec le concept et ses limites dans Complications. La Course poursuit ce travail en s'intéressant aux même personnages, pris à des moments de leurs vies, dans différentes circonstances, avec la volonté de ne pas donner sens à tout. Lectrice compulsive, et auteur maîtresse de ses outils, elle semble dans la course interroger cette question de la destinée des personnages, et du sens à donner à la narration : choisissant de ne raconter que des moments-clé, c'est à nous, lecteurs, qu'elle laisse finalement la liberté de remplir les vides. <br />
<br />
Ajout du 06/10 : Il me semble que je suis ici imprécise sur ce qui me semble la prouesse centrale de ce roman "à clé" : ce que Nina Allan réalise dans La Course, c'est ce tour de force qui consiste à raconter symboliquement la même chose (la violence d'un tiers/ de la société exercée sur une jeune personne, en chemin vers l'âge adulte, et les éléments qui lui permettront de réaliser son indépendance), avec des événements qui ont des implications et éveillent des émotions similaires, tout en semblant nous raconter à chaque fois tout autre chose.<br />
Où comment Nina Allan, illusionniste infinie, en la décrivant, suscite la magie.<br />
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<b>La course, Nina Allan, Tristram, septembre 2017.</b><br />
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<br />Georgette A.http://www.blogger.com/profile/15326387528162977876noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-4158412105566033232.post-64391276986984577272017-09-18T07:56:00.001-07:002017-09-18T08:00:34.474-07:00Comment ça commence : Le petit bleu de la côte Ouest, Jean-Patrick Manchette"Et il arrivait parfois ce qui arrive à présent : Georges Gerfaut est en train de rouler sur le boulevard périphérique extérieur. Il y est entré porte d'Ivry. Il est 2h30 ou peut-être 3h15 du matin. Une section du périphérique intérieur est fermée pour nettoyage et sur le reste du périphérique intérieur la circulation est quasi-nulle. Sur le périphérique extérieur, il y a peut-être deux ou trois ou au maximum quatre véhicules par kilomètre. Quelques-uns sont des camions dont plusieurs sont extrêmement lents. Les autres véhicules sont des voitures particulières qui roulent toutes à grande vitesse, bien au delà de la limite légale. Plusieurs conducteurs sont ivres. C'est le cas de Georges Gerfaut. Il a bu 5 verres de Bourbon 4 Roses. D'autre part il a absorbé, voici environ trois heures de temps, deux comprimés d'un barbiturique puissant. L'ensemble n'a pas provoqué chez lui le sommeil, mais une euphorie tendue qui menace à chaque instant de se changer en colère ou bien en une espèce de mélancolie vaguement tchéckhovienne et principalement amère qui n'est pas un sentiment très valeureux ni très intéressant.<br />
Georges Gerfaut roule à 145 km/h."<br />
<br />
Premières lignes du Petit Bleu de la côte Ouest, Gallimard, 1976.<br />
<br />
<br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhTkcmX56O6lqXCkJV4s2w2tGIDNoHkCsbZxqabv6uM1RWR4mf63P42wArLiOGwnfx3h21YzNoYxvKJxthA7ce3VWVtq5pkmf2brbr7LuY8kVYMw9DrMzDklVcxH73PDo4OChZvCKalw9-8/s1600/41XVSF8SN8L.jpg" imageanchor="1" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="475" data-original-width="289" height="320" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhTkcmX56O6lqXCkJV4s2w2tGIDNoHkCsbZxqabv6uM1RWR4mf63P42wArLiOGwnfx3h21YzNoYxvKJxthA7ce3VWVtq5pkmf2brbr7LuY8kVYMw9DrMzDklVcxH73PDo4OChZvCKalw9-8/s320/41XVSF8SN8L.jpg" width="194" /></a></div>
<br />Georgette A.http://www.blogger.com/profile/15326387528162977876noreply@blogger.com1tag:blogger.com,1999:blog-4158412105566033232.post-76947528860158483222017-09-14T12:24:00.000-07:002017-09-14T12:24:13.050-07:00Few of us, luvan<div dir="ltr" id="docs-internal-guid-2ddf41cd-81bd-165c-1f9d-0762c4748cd0" style="line-height: 1.38; margin-bottom: 0pt; margin-top: 0pt;">
<span style="background-color: transparent; color: black; font-family: Arial; font-size: 11pt; font-style: normal; font-variant: normal; font-weight: 400; text-decoration: none; vertical-align: baseline;">Few of us est un recueil de 16 nouvelles édité par Dystopia, et écrit par luvan. En 2014, Dystopia avait publié son précédent recueil, Cru, au fantastique subtil et dépaysant. </span></div>
<div dir="ltr" id="docs-internal-guid-2ddf41cd-81bd-165c-1f9d-0762c4748cd0" style="line-height: 1.38; margin-bottom: 0pt; margin-top: 0pt;">
<br /></div>
<table align="center" cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="margin-left: auto; margin-right: auto; text-align: center;"><tbody>
<tr><td style="text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhqqBBH-Xf_2cu6kJCTdWxjr7oNIhIlgtVQjxx7u-d6mlqEABduzZ6fpyYskBr7Xkme8iMR8SM0johOLb8hSELQ0gtZNPD5UjI2P-HVGZCtI8RbXtMC6dB96bN3qlEGMKwuRPk0HOtjQlA5/s1600/61080.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" data-original-height="1341" data-original-width="946" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhqqBBH-Xf_2cu6kJCTdWxjr7oNIhIlgtVQjxx7u-d6mlqEABduzZ6fpyYskBr7Xkme8iMR8SM0johOLb8hSELQ0gtZNPD5UjI2P-HVGZCtI8RbXtMC6dB96bN3qlEGMKwuRPk0HOtjQlA5/s400/61080.jpg" width="281" /></a></td></tr>
<tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;">Belle couverture (et illustrations intérieures) dues à Stéphane Perger</td></tr>
</tbody></table>
<div dir="ltr" id="docs-internal-guid-2ddf41cd-81bd-165c-1f9d-0762c4748cd0" style="line-height: 1.38; margin-bottom: 0pt; margin-top: 0pt;">
<span style="background-color: transparent; color: black; font-family: Arial; font-size: 11pt; font-style: normal; font-variant: normal; font-weight: 400; text-decoration: none; vertical-align: baseline;"><br /></span></div>
<div dir="ltr" style="line-height: 1.38; margin-bottom: 0pt; margin-top: 0pt;">
<span style="background-color: transparent; color: black; font-family: Arial; font-size: 11pt; font-style: normal; font-variant: normal; font-weight: 400; text-decoration: none; vertical-align: baseline;">Découpé en trois parties suggérant un important bouleversement dont on ne nous dira rien : “pendant”, “après”, “plus tard”, ses nouvelles nous entraînent en des lieux terriblement contemporains.</span></div>
<div dir="ltr" style="line-height: 1.38; margin-bottom: 0pt; margin-top: 0pt;">
<span style="background-color: transparent; color: black; font-family: Arial; font-size: 11pt; font-style: normal; font-variant: normal; font-weight: 400; text-decoration: none; vertical-align: baseline;">La première nouvelle, Mahrem, se passe en Erythrée, et entremêle déminage et recherches archéologiques. On suivra également une immigrante dans le désert qui jouxte la frontière des Etats-Unis avec le Mexique, une créature des contes des Mille et Une nuits survivant parmi les réfugiés, un apocalypse souterrain dont l’enfermement évoque la télé-réalité, le devenir surnaturel des ruines des Jeux Olympiques, et une étrange société post-industrielle survivant dans les bayous de la Louisiane…</span></div>
<div dir="ltr" style="line-height: 1.38; margin-bottom: 0pt; margin-top: 0pt;">
<span style="background-color: transparent; color: black; font-family: Arial; font-size: 11pt; font-style: normal; font-variant: normal; font-weight: 400; text-decoration: none; vertical-align: baseline;">Outre leurs stupéfiantes destinations, ces nouvelles possèdent le même univers angoissant, troué d'incertitudes, qui évoque un héritage des grands raconteurs de nouvelles fantastiques du XIXe siècle : des racines de Blackwood, de Jean Ray, mûries par l’évolution de la société et par le regard poétique de luvan, qui ne concocte pas un fantastique spectaculaire mais des impressions incertaines, des ombres inexplicables.</span></div>
<div dir="ltr" style="line-height: 1.38; margin-bottom: 0pt; margin-top: 0pt;">
<span style="background-color: transparent; color: black; font-family: Arial; font-size: 11pt; font-style: normal; font-variant: normal; font-weight: 400; text-decoration: none; vertical-align: baseline;">Ces aventures mystérieuses sont servies par la belle langue utilisée : outre son activité autour des livres, luvan écrit aussi pour le théâtre et la radio, et se fait performeuse pour jouer certains de ses textes. Cette proximité de la déclamation poétique est par instant sensible, d’autant plus que l’un des textes est une reprise d’une intervention improvisée sur Radio Campus Bruxelles : en plus de toutes ses cordes (d’aventurière, de poétesse, d’autrice), luvan est aussi pleine d’humour.</span></div>
<div dir="ltr" style="line-height: 1.38; margin-bottom: 0pt; margin-top: 0pt;">
<br /></div>
<div dir="ltr" style="line-height: 1.38; margin-bottom: 0pt; margin-top: 0pt;">
<span style="background-color: transparent; color: black; font-family: Arial; font-size: 11pt; font-style: normal; font-variant: normal; font-weight: 400; text-decoration: none; vertical-align: baseline;">On trouve une parenté naturelle entre ce travail empreint des monstruosités contemporaines, qu'un rien suffit à tirer vers l'étrange, et celui de Léo Henry (La Panse, et Pont du jour, ont un imaginaire très proche de celui que l'on découvre ici). Il n'est donc pas étonnant que les deux auteurs aient déjà collaboré (à ma connaissance, dans la création web <a href="http://www.lenaurne.fr/">Le Naurne</a>, et Bazaar Maniac, le fanzine de Léo Henry).</span></div>
<div dir="ltr" style="line-height: 1.38; margin-bottom: 0pt; margin-top: 0pt;">
<span style="background-color: transparent; color: black; font-family: Arial; font-size: 11pt; font-style: normal; font-variant: normal; font-weight: 400; text-decoration: none; vertical-align: baseline;">Il me semble que les auteurs les plus stimulants sont ceux qui trouvent des nourritures à leur imaginaire dans leur époque et ses monstres : luvan est de ceux-là. A ce titre, la ligne éditoriale des éditions-soeurs Dystopia et Scylla est tout à fait attirante.</span></div>
<div dir="ltr" style="line-height: 1.38; margin-bottom: 0pt; margin-top: 0pt;">
<span style="background-color: transparent; color: black; font-family: Arial; font-size: 11pt; font-style: normal; font-variant: normal; font-weight: 400; text-decoration: none; vertical-align: baseline;"><br /></span></div>
<div dir="ltr" style="line-height: 1.38; margin-bottom: 0pt; margin-top: 0pt;">
<span style="background-color: transparent; color: black; font-family: Arial; font-size: 11pt; font-style: normal; font-variant: normal; font-weight: 400; text-decoration: none; vertical-align: baseline;">On trouvera luvan sur <a href="http://www.luvan.org/blog/">son blog.</a></span></div>
<div dir="ltr" style="line-height: 1.38; margin-bottom: 0pt; margin-top: 0pt;">
<br /></div>
<div dir="ltr" style="line-height: 1.38; margin-bottom: 0pt; margin-top: 0pt;">
<span style="background-color: transparent; color: black; font-family: Arial; font-size: 11pt; font-style: normal; font-variant: normal; font-weight: 400; text-decoration: none; vertical-align: baseline;">--- </span></div>
<div dir="ltr" style="line-height: 1.38; margin-bottom: 0pt; margin-top: 0pt;">
<span style="background-color: transparent; color: black; font-family: Arial; font-size: 11pt; font-style: normal; font-variant: normal; font-weight: 400; text-decoration: none; vertical-align: baseline;"><br /></span></div>
<div dir="ltr" style="line-height: 1.38; margin-bottom: 0pt; margin-top: 0pt;">
<span style="background-color: transparent; color: black; font-family: Arial; font-size: 11pt; font-style: normal; font-variant: normal; font-weight: 400; text-decoration: none; vertical-align: baseline;"><b><i> Few of us, Luvan, édité par Dystopia, 2017. </i></b></span></div>
Georgette A.http://www.blogger.com/profile/15326387528162977876noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-4158412105566033232.post-87713262092813883752017-09-10T10:52:00.003-07:002017-09-11T07:40:33.094-07:00Comment ça commence : Le dernier des Romani, Norman SpinradUn peu de nouveauté pour la rentrée : je vais me permettre de partager quelques lignes tirées d'un livre qui m'a interpellé, de temps en temps. Ceci parce qu'un court extrait permet de mieux se rendre compte du propos et du style (et parce que ce grand cinglé de Hunter S. Thompson s'en est aperçu il y a longtemps : recopier un texte permet de mieux le comprendre). C'est neuneu, ça marche.<br />
<br />
<br />
<span style="font-size: small;">"</span><span style="font-size: small;">La route fut longue et la chaleur accablante, dit l'homme à la moustache gominée.</span><br />
Un Collins, garçon, s'il vous plaît.<br />
Le serveur adipeux tendit la main vers la console, pressa le bouton "Collins", et demanda :<br />
- Gin, rhum, vodka ou grawa ?<br />
- Gin, bien sûr, dit l'homme à la moustache gominée. Faire un Collins au grawa, non mais ! (Il alluma un grand cigare vert olive.)<br />
Le garçon pressa le bouton "gin" et tapota le servo-bar. Le récipient de plastique transparent plein de liquide brumeux surgit par l'orifice de service du comptoir.<br />
L'homme à la moustache noire et gominée regarda le verre, puis la console, puis le garçon.<br />
- Ne me tenez pas pour impoli, l'ami, dit-il, mais je me suis toujours demandé pourquoi il y a encore des serveurs, quand n'importe qui pourrait appuyer sur ces stupides boutons.<br />
Le garçon rit, d'un rire affable et gras.<br />
- Pourquoi y a-t-il des conducteurs d'autobus dans les bus robots ? Pourquoi y a-t-il des brasseurs alors que la bière se brasse pratiquement toute seule ? Je suppose que le gouvernement se dit que si on virait tous ceux qui ne servent à rien, il se retrouverait avec cent millions de chômeurs sur les bras<span style="font-size: small;">."</span><br />
<br />
Premières phrases du<i> Dernier des Romani</i>, dans Le livre d'Or de la science-fiction, 1978.<br />
<br />
--- <br />
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<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgP5SzKyqGzkOcx3cLZ4QMcvtCcgEmqfATFpfBCPZkWvHBKrN0lMH9bCt156z54d-sn-oEEFYy8Q2zzufQCH45SAHBKZHHNkucczPRRP6pa4B79oe1nRGmMzFNjfOXwfptbqaU0TOl04GpG/s1600/1496_aj_m_261.pjpeg.jpg" imageanchor="1" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="350" data-original-width="213" height="320" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgP5SzKyqGzkOcx3cLZ4QMcvtCcgEmqfATFpfBCPZkWvHBKrN0lMH9bCt156z54d-sn-oEEFYy8Q2zzufQCH45SAHBKZHHNkucczPRRP6pa4B79oe1nRGmMzFNjfOXwfptbqaU0TOl04GpG/s320/1496_aj_m_261.pjpeg.jpg" width="193" /></a>Georgette A.http://www.blogger.com/profile/15326387528162977876noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-4158412105566033232.post-41468511359548820122017-09-08T13:59:00.003-07:002017-09-10T05:29:33.149-07:00Choses vues et lues, Juin-juillet 2017Ce compendium a deux mois de retard, tentons donc de le publier en douce.<br />
C'était l'été.<br />
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<table align="center" cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="margin-left: auto; margin-right: auto; text-align: center;"><tbody>
<tr><td style="text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjEMXaM06UjKHtKGCv6-osuZw03CJQdiGRLfdYDV6bDBYAoBQDK1rE8BDOd8J1Q3Vpfrj9cqa13uIUGs_yFOPiPLNHZzRz-f4dYCWEds1_-kQlef4TilFBz_BybhlJUGsEzdmpLZ5cFmzHY/s1600/20160903_arts_bandette_tsespa.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" data-original-height="600" data-original-width="886" height="270" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjEMXaM06UjKHtKGCv6-osuZw03CJQdiGRLfdYDV6bDBYAoBQDK1rE8BDOd8J1Q3Vpfrj9cqa13uIUGs_yFOPiPLNHZzRz-f4dYCWEds1_-kQlef4TilFBz_BybhlJUGsEzdmpLZ5cFmzHY/s400/20160903_arts_bandette_tsespa.jpg" width="400" /></a></td></tr>
<tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;">Un extrait de Bandette ! Paul Tobin et Colleen Coover, EP, 2017</td></tr>
</tbody></table>
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Des Bédés :<br />
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<a href="http://www.tanibis.net/livres/et-tu-connaitras-l-univers-et-les-dieux#presentation">Et tu connaîtras l'univers et les Dieux, Jesse Jacobs, Tanibis, 2015.</a><br />
Aïe, encore un de ces innombrables machins de hipsters dont j'ai le secret parce que le dessin défrise les pupilles, oui. Jesse Jacobs, qui a un style sympathiquement déplaisant (aussi dans Safari Lune de miel, chez le même éditeur) nous raconte la création de la Terre et l'évolution grâce à des divinités capricieuses et moches. L'émergence de l'homme est bien sûr un hasard, il y a plein de scènes rigolotes, cruelles, crades. Le graphisme tabasse tout avec un fond noir bleu, les deux seules couleurs étant le bleu turquoise et le violet : malgré des cases et un dessin arrondis qui adoucissent les sensations, l'effet est acide. Je pense qu'à peu près n'importe quel journaliste gonzo-hippie 70's aurait validé ce titre. Je vous passe mes traditionnels "formidable", "invraissembable", et "chouette", on aura compris plutôt : Jesse Jacobs, dessinateur du bizarre doux-amer. <br />
<a href="https://astrylie.wordpress.com/"><br /></a>
<a href="https://astrylie.wordpress.com/">Voyage en Astrylie, Tristan Bordmann, Le Clou, 2017.</a><br />
Cette bande dessinée remporte tous les concours de beauté avec sa couv' verte et bleue sérigraphiée à la main par l'auteur, le trait noir efficace et pas qu'un peu moqueur de Bordmann fait très L'Association jeunes années : esthétiquement on est ravi. Malheureusement, le décit est décousu, et le dessin amalgame ensemble des oeuvres artistiques empruntées partout, mais sans réussir à s'en éloigner assez pour créer un univers propre. La visite promise tourne à la plaisanterie longuette, le lecteur ne sent pas inclus dans la blague. Si on place le petit dévédé fourni dans le lecteur de son ordinateur, on assistera à trois choses stupéfiantes : une réunion de fessiers maigrelets de jeunes créatifs ricanants sur fonds de nature Berrichone (mais ça pourrait définitivement être le Cantal ou la Savoie), une cérémonie Astrylienne maladroite inspirée des Maîtres Fous de Jean Rouch, et cette citation définitive :"les Astryliens restent fascinés par les origines sexuelles, mortifères et scatologiques de l'Humanité", qui confirme ce qu'on avait deviné, l'Astrylie, c'est bien pour rigoler. En conclusion, si cette été, tu t'ennuies dans le Berry (ou le Cantal, ou la Savoie), tu peux inventer l'aventure avec tes potes.<br />
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Des livres :<br />
<a href="http://www.denoel.fr/Catalogue/DENOEL/Lunes-d-encre/La-jeune-detective-et-autres-histoires-etranges"><br /></a>
<a href="http://www.denoel.fr/Catalogue/DENOEL/Lunes-d-encre/La-jeune-detective-et-autres-histoires-etranges">La jeune détective, Kelly Link</a> (relecture).<br />
Selon Laurent Juillier, maître de conf' en esthétique du cinéma top wahou aux références précieuses, qui cite ici des linguistes obscurs, un discours cohérent obéit à quatre règles : la répétition (on suit le héros du début à la fin), la progression (l'évolution de l'action), la non-contradiction (les élements présentés du récit ne changent pas arbitrairement), la relation (les faits présentés sont reliés les uns aux autres). Et, dans le recueil mémorable et bizarre de Kelly Link, il s'agit justement de dérégler chacun de ces quatre élèments, certes pas tous dans chaque nouvelle, mais régulièrement. Alors que les récits s'inspirent du matériau classique des contes, Kelly Link en livre une version déformée, pleine de mélancolie et d'humour cynique, plus proche d'Andersen que de Perrault. Sans dépouiller les nouvelles l'une après l'autres, les visions auxquelles nous livre Link sont puissantes et dérangeantes, au titre des quelles je retiens une idée de l'après-vie, une princesse de contes de fées au coeur brisé en road trip botté, la hantise lapinesque des villas bon chic bon genre de la banlieue américaine et des pots de peinture aux noms surréalistes, la mort des sorcière et la décomposition de leur magie, l'insupportable vu par un épouse de dictateur vivant dans le hangar-musée où sont entreposées ses chaussures. Quitte à user un peu plus une vieille expression, Kelly Link est l'enfant que Max Ernst aurait eu avec Angela Carter, et, au lieu de lire des textes déjà écrits trente fois, autant se nettoyer les sinus avec ce weird-là, suffisament imprévisible pour ranimer la vieille magie.<br />
Une autre fois je dirai (encore) du bien de sa maison d'édition, Small Beer Press. <br />
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<a href="http://www.moutons-electriques.fr/club">Le Club, Michel Pagel</a><br />
Oui, toi aussi tu as lu le Club des Cinq quand tu étais petit (et peut-être même le Clan des Sept si tu es un vrai), et tu t'es toujours demandé ce qu'il est arrivé à Michel, Claude, Annie, Mick et Dagobert en vieillissant (ne mens pas, je suis pour ma part persuadée que Fantômette est devenue reporter de guerre et qu'elle tend son micro vaillement quelque part sur le globe, moins le costume jaune et noir). Heureusement, Michel Pagel s'est également posé la question, et y répond pour nous dans ce court roman. Nous sommes à la veille d'une réunion de nos héros vieillissants à Kernach, l'occasion pour nous de découvrir comment le temps a traité nos archétypes préférés, on y rencontrera aussi Pilou et Jo, tous maltraités par la vie réelle. Et bien sûr, un meurtre sera commis, meurtre qui nous emmènera bien plus loin que les récits du Club ne nous ont jamais emmenés...<br />
Le récit est malin, Michel Pagel désacralise les figures bien connues comme dans un slasher movie des 90's : les anciens amateurs devraient apprécier le jeu de massacre.<br />
<br />
Des films :<br />
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Get out, Jordan Peele.<br />
Un film d'horreur d'été, plaisir régressif. Get Out met en scène deux héros, Rose Armitage, jolie américaine fortunée, et son petit ami, le photographe Chris Washington. Il est temps de présenter Chris à la famille de Rose le temps d'un week-end, et le jeune homme s'inquiète de la réaction de celle-ci en découvrant sa couleur de peau : bien évidemment, les Armitage ont de l'argent à revendre et du personnel de maison qui semble traité comme en pleine période esclavagiste et agit d'une manière étrangement robotisée. Le spectateur va donc craindre de plus en plus pour la survie de ce pauvre Chris. Le scénario est truffé d'humour noir, et parvient à instiller le malaise. La scène finale, qui met en scène une intervention policière, est particulièrement haletante, au vu de ce que l'on sait de ce genre d'évènements aux Etats-Unis. Un seul regret finalement : le coeur de l'intrigue, l'explication, est finalement moins palpitante, et moins réaliste, qu'attendue.<br />
<br />
Le Caire Confidentiel, Tarik Saleh<br />
Ô Amateur de roman noir, Vois, notre inspecteur de police viril et véreux est cette fois un Don Draper Egyptien au visage long, et à la coiffure soigneusement gominée. Dandy en veste de cuir tout aussi corrompu que le reste de la police du Caire, il est mêlé à l'affaire de meurtre d'une escort girl-chanteuse des plus glamour, dont la voix sensuelle plane sur le film, et qui aurait été assassinée par l'un des hommes d'affaires proche du Président. On fait le tour de la corruption du gouvernement et des quartiers pauvres du Caire avec l'inspecteur, qui devient Colonel par faveur spéciale sans jamais cesser d'empocher de l'argent, et peu à peu le malaise qui s'immisce avec la mort de la chanteuse Lalena devient celui de tout le pays, au bord de la Révolution. Le film réussit à laisser l'Histoire se glisser derrière les codes du polar, les décors et l'ambiance sont troublantes (violence de la police, présence d'une salle d'interrogatoire-salle de torture, beauté d'un autre âge des filles immortelles car toutes mortes-déjà-bientôt, et de la salle où se drogue le souteneur...)<br />
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Du multimédia :<br />
<a href="http://editions.flammarion.com/Catalogue/hors-collection/litterature-etrangere/i-love-dick">I love Dick</a>, livre de Chris Kraus<br />
I love Dick, Sarah Gubbins, Jill Soloway<br />
La littérature féminine, en droite ligne des Brontë et d'Austen, trouve une héritière en Chris Kraus, qui à travers ce roman épistolaire inspiré de sa vie se livre à une dissection du sentiment amoureux tel que décrit dans les romans du XIXe siècle, tout en s'interrogeant sur la légitimité intellectuelle et artistique de la femme au XXe siècle. Pour rendre un tel propos lisible, elle dépeint sa jumelle mauite, Chris, tombant éperduement, petit-bourgeoisement (et vu les références à Flaubert, cet adjectif se justifie) amoureuse de Dick, artiste conteporain collègue de son mari Sylvère ("Oh, Dick, de quoi ton nom est-il le symbole ? s'interroge Sylvère). Mais on n'analyse bien qu'en se mettant à distance, et au lieu de consommer, Chris Kraus se livre entièrement dans un crush adolecent à distance, décrit minutieusement dans des lettres écrites à Dick et à son mari. L'ensemble, écrit avec un savoureux sens de la formule navrera sans doute une partie des lecteurs par la superficialité de ses personnages. Les autres seront séduit par la vigueur intellectuelle de ce texte, qui révèle en creux les relations homme-femme aussi bien dans le monde de l'art contemporain que dans les romans sentimentaux.<br />
L'adaptation en série est très soigneuse, et élargit le propos par la greffe de trois beaux personnages de femmes artistes : une auteur de théâtre en recherche de son oeuvre, une galleriste aux goûts excellents, et une étudiante féministe militante. Le traitement des fantasmes de Chris autour de Dick, tout à fait malicieux, permet de rendre à l'écran le ton de causerie brillante du roman. <br />
<br />
<br />
Et en sus, Jean-Patrick Manchette, lu par François Angelier "[ces] ouvrages n'ont qu'un seul usage possible : tuer le temps. La malédiction des auteurs est qu'ils paraissent eux-même avoir écrit pour tuer le temps. Il en résulte logiquement que ce genre de littérature policière est écrit par des zombies pour des zombies."<br />
Quand à cette idée de littérature-zombie, je crois que Jean-Luc André D'Asciano, éditeur de l'Oeil d'Or, <a href="https://www.youtube.com/watch?v=QZMrbrqQMv4">serait d'accord</a>.<br />
<br />Georgette A.http://www.blogger.com/profile/15326387528162977876noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-4158412105566033232.post-18396197004830110692017-05-31T13:09:00.002-07:002017-06-01T03:02:51.004-07:00Choses vues et lues, mai 2017C'est mai.<br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEi64nsKftA82yQSGbV7VUXi-XhaqpaUP4Q7Po9DWYvX5vI9MqrKFPWHIf9qx5nQCDlVG5fZrDo17fQy3f5R8MACBp5ut2SIhlNr5qhUoxsT5ejSqfLzsUaO7IA0Z0suWR4mGziIXIKoXtMU/s1600/joannie-aline_zalko-small_475.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="683" data-original-width="475" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEi64nsKftA82yQSGbV7VUXi-XhaqpaUP4Q7Po9DWYvX5vI9MqrKFPWHIf9qx5nQCDlVG5fZrDo17fQy3f5R8MACBp5ut2SIhlNr5qhUoxsT5ejSqfLzsUaO7IA0Z0suWR4mGziIXIKoXtMU/s400/joannie-aline_zalko-small_475.jpg" width="277" /></a></div>
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<b>Des livres :</b><br />
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<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiGfFH4mJKpvDYe34jtjNQfH-O-7sIs6em0IQEh5tMwQ-PbPKPnOTepNw2zp0NdfA4xNTeJ4gfnPFvlgS6CIoaVRfY7qtLxXvCGjDQUajdQDyrFXP8Va7nVdz1aWC3pmKEuNVifzrjmigUh/s1600/colline-des-potences-aff-01-g.jpg" imageanchor="1" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="1000" data-original-width="740" height="200" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiGfFH4mJKpvDYe34jtjNQfH-O-7sIs6em0IQEh5tMwQ-PbPKPnOTepNw2zp0NdfA4xNTeJ4gfnPFvlgS6CIoaVRfY7qtLxXvCGjDQUajdQDyrFXP8Va7nVdz1aWC3pmKEuNVifzrjmigUh/s200/colline-des-potences-aff-01-g.jpg" width="147" /></a><b>La colline des potences</b>, Dorothy M. Johnson<br />
Jeune ignorante, tu ne savais pas qu'à la source des westerns avec John Wayne le dur à cuire, et les beaux plans de John Ford en Cinémascope, il y avait Dorothy M. Johnson, journaliste indépendante, qui entre 1935 et 1955 a publié quelques-unes des plus belles histoires de western qui soient.<br />
Heureusement Gallmeister est là pour rappeler les bonnes choses aux mécréantes dans ton genre, et sous la forme de deux recueils (La colline des potences, Contrée indienne), tu pourras découvrir l'âpreté de la vie américaine de la fin du XIXe siècle, ses personnages touchants, glorieux dans leur humanité, et son quotidien aux dimensions mythologiques.<br />
Il reste à lire Contrée Indienne.<br />
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<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiJmQEvT0EXios0HZ-49m4F1d-3ekAwr8z7IKsAyidJ1NRKdxTSkBAnZs0TfJy-C4LbAH1yEplqOkuIHI0-yMe5gkN2pGN_zHtMPKYFBW8qhR7C4GNnSZX1bl9H_3GndbK-dTPN7mjD_iiW/s1600/51dkE0C0gDL._SX335_BO1%252C204%252C203%252C200_.jpg" imageanchor="1" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="499" data-original-width="337" height="200" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiJmQEvT0EXios0HZ-49m4F1d-3ekAwr8z7IKsAyidJ1NRKdxTSkBAnZs0TfJy-C4LbAH1yEplqOkuIHI0-yMe5gkN2pGN_zHtMPKYFBW8qhR7C4GNnSZX1bl9H_3GndbK-dTPN7mjD_iiW/s200/51dkE0C0gDL._SX335_BO1%252C204%252C203%252C200_.jpg" width="135" /></a></div>
<b>Corps pour corps : Enquête sur la sorcellerie dans le bocage</b>, Jeanne Favret Saada<br />
On y reviendra, mais en ce moment, je lis les écrits de Jeanne Favret-Saada autour du travail anthropologique<i> Les mots, la morts, les sorts</i>, dans lequel elle s'installait en Mayenne avec ses enfants pour enquêter sur la sorcellerie paysanne. Le titre mentionné ci-dessus constitue son journal d'enquête, et Désorceler, le récit de la cure entreprise avec sa magicienne, Madame Flora.<br />
Pour résumer : Lovecraft, mais avec des paysans français.<br />
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<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEisKtyaJXOZw6cweGPPFY2FkwMN4zjH4YFIwGRhGS7og1s6hr5_5oTTJpPuFW0qi6RvLJ7MMVE42nJ_Y42IaDsEA6-bMN3UEgLS51CASPnOdiuZbzwtUpOqyq7PeMZ_RB2AwsG7iNG5ZdZ3/s1600/dangerous-women.jpg" imageanchor="1" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="1500" data-original-width="933" height="200" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEisKtyaJXOZw6cweGPPFY2FkwMN4zjH4YFIwGRhGS7og1s6hr5_5oTTJpPuFW0qi6RvLJ7MMVE42nJ_Y42IaDsEA6-bMN3UEgLS51CASPnOdiuZbzwtUpOqyq7PeMZ_RB2AwsG7iNG5ZdZ3/s200/dangerous-women.jpg" width="124" /></a></div>
<b>Dangerous women</b>, anthologie dirigée par Gardner Dozois et George R. R. Martin<br />
Chais pas pourquoi j'ai lu ça. Il s'agit d'un recueil de grands auteurs de genre américains qui ont refilé des nouvelles typiques de leurs univers respectifs (pour ne pas trop perturber les fans) en espérant que ça colle à peu près à la thématique. On m'a dit il y a quelques jours qu'il n'y a rien de plus difficile à réussir qu'une anthologie, et je suis prête à le croire. Les deux gros volumes contiennent cependant quelques nouvelles intéressantes (Joe Lansdale, Pat Cadigan, Megan Lindholm et Megan Abbott font à peu près le boulot sans tomber dans la négation de la consigne ou le cliché rabâché).<br />
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<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjUhBxphR8_EPr5_bw_Uz5H6wcummmQLSWsKJlw7P3vKyjpLamjbX_1zflsSL_XkClZHpvAD09VQhSJH0SVmad7jwvool7dCU5iy7-9oXU4Y5XAnCy6it1jDBxgyUklEkckQ-hp4CDOW5Xq/s1600/AngleMort11-203x300.jpg" imageanchor="1" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="300" data-original-width="203" height="200" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjUhBxphR8_EPr5_bw_Uz5H6wcummmQLSWsKJlw7P3vKyjpLamjbX_1zflsSL_XkClZHpvAD09VQhSJH0SVmad7jwvool7dCU5iy7-9oXU4Y5XAnCy6it1jDBxgyUklEkckQ-hp4CDOW5Xq/s200/AngleMort11-203x300.jpg" width="135" /></a></div>
<b>Angle mort #11</b><br />
Que mille pluies acides s'abattent sur moi, que des mille-pattes venimeux choient sur ma toîture et que mon ventilateur tombe en panne pour me punir de mon manque de constance face aux pourtant très chouettes sélections de nouvelles d'Angle Mort. Ce numéro contient donc une science fantastique nouvelle de Sofia Samatar, un échantillon du travail de Jean-Luc André d'Asciano plein de désespoir poétique, une bizarrerie cubique d'Adam-Troy Castro, une nouvelle bionique de Sarah Pinsker. Toutes dépeignent l'inquiétant futur avec une grande originalité, et seront difficile à oublier.<br />
Angle Mort, c'est à lire absolument.<br />
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Je voulais aussi lire Gay Talese et Robert Louis Stevenson, mais j'étais trop occupée à errer dans Epinal.<br />
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<b>Des bandes dessinées :</b><br />
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<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjj6Ear3aWZ67Kdwr7RfY0nNh_KyG2j9WAN4RzUrQ1ncowdXicvktEkers8TSKJOlpJpwPCEVL5qhDrYfC0SNnyhA52Dvd-iHByAjIgI3owzz2R467gQxsDAis63IXeRabE7lSCFg5MnfAl/s1600/FFFFFF-80-f-nature-0.jpg" imageanchor="1" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="674" data-original-width="500" height="200" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjj6Ear3aWZ67Kdwr7RfY0nNh_KyG2j9WAN4RzUrQ1ncowdXicvktEkers8TSKJOlpJpwPCEVL5qhDrYfC0SNnyhA52Dvd-iHByAjIgI3owzz2R467gQxsDAis63IXeRabE7lSCFg5MnfAl/s200/FFFFFF-80-f-nature-0.jpg" width="148" /></a></div>
<b>Des croûtes au coin des yeux, volume 2</b>, Tanxx et <b>Pause</b> de Fabcaro<br />
On peut grogner, mais si j'en parle indisctinctement, c'est parce que ces deux excellents auteurs semblent avoir des références et des postures souvent semblables, avec le même lectorat.<br />
Dans Pause, Fabcaro réjouit avec son quotidien marqué par son introversion et ses angoisses. Comme d'habitude, il est grandiloquent comme un hyperstressé par la vie peut l'être, dans l'ilôt de normalité que constitue sa petite famille, spectratice amusée de ses minuscules mésaventures. Tanxx régale quand à elle en se livrant à des réflexions sur la création artistique et la place de l'artiste dans la société entremêlées là aussi d'instants de sa vie bordelaise. <br />
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<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEh_Z1g6N0cG9_-cTqsHlmxIckVWjrRHT23LevXBRUKiCvczeyawWQCW70oNY-bjLGhCzj5d2CfbFTuTIO4BxnLH0scj_V_vHDONgcnGuWcFB1d-24UYPH0aDJ-nFx7RvuonEDm8nPcyscP2/s1600/judettecamion01.jpg" imageanchor="1" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="522" data-original-width="400" height="200" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEh_Z1g6N0cG9_-cTqsHlmxIckVWjrRHT23LevXBRUKiCvczeyawWQCW70oNY-bjLGhCzj5d2CfbFTuTIO4BxnLH0scj_V_vHDONgcnGuWcFB1d-24UYPH0aDJ-nFx7RvuonEDm8nPcyscP2/s200/judettecamion01.jpg" width="153" /></a><b>Judette Camion, Jeanne Puchol</b>, Anne Baraou<br />
Jeanne Puchol n'est pas qu'une autrice féministe ayant à coeur de proposer des bandes dessinées historiques intelligentes. A ses débuts, elle était au dessin de ce projet étonnant, qui partage bien des similarités avec Fabcaro et Tanxx, en terme de description du quotidien : Judette Camion est une jeune parisienne douée en informatique, en bricolage et en natation, qui mène sa petite vie avec un conjoint bienveillant, et s'interroge sans cesse sur la place que la société lui réserve. Pleine d'inventivité et très moderne, malgré son charme, cette courte série (2 tomes), n'a cependant pas connu le succès. On la trouve dans quelques bacs d'occasion, le premier tome est particulièrement réussi, et le dessin délié et énergique de Jeanne Puchol est une joie.<br />
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<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhs-Qcvk9CPeYvYDtbxkHnPHkIbqW2TAaKCgaNSbQwhwiaw2QSypdRJyWKu8hMgk1jLMy9lsbmZkX5kI2WHasHUj0qypJOInhpTdsFIOs-gXRpmAG-NWnc_TzTWot4ec1u_yHQZ5VzTrxDa/s1600/index.jpg" imageanchor="1" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="268" data-original-width="188" height="200" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhs-Qcvk9CPeYvYDtbxkHnPHkIbqW2TAaKCgaNSbQwhwiaw2QSypdRJyWKu8hMgk1jLMy9lsbmZkX5kI2WHasHUj0qypJOInhpTdsFIOs-gXRpmAG-NWnc_TzTWot4ec1u_yHQZ5VzTrxDa/s200/index.jpg" width="140" /></a></div>
<b>La main du peintre</b>, Maria Luque<br />
Si comme moi, tu ne connais pas Maria Luque, va vite, vite faire un tour sur le site de l'Agrume ou son Instagram, car cette illustratrice au dessin enfantin mais aux mises en couleurs épiques mérite un coup d'oeil. Dans La Main du peintre, son alter égo narratif se trouve au prise avec le fantôme du peintre argentin Candido Lopez, qui a perdu sa main lors de la Guerre du Paraguay, vers 1870, et la charge de réaliser les dessins qu'il n'a pu terminer. Si la violence des batailles est bien présente, l'amitié des deux personnages principaux est pleine d'humour, et une petite partie du récit permet de suivre le quotidien de l'illustratrice, de boutique de pinceaux en festivals de fanzine.<br />
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Et l'artiste : <a href="http://www.alinezalko.com/">Aline Zalko</a>, brillante praticienne de la gouache et des crayons de couleurs, au style si facilement reconnaissable, qu'on voit régulièrement, ces temps-ci, illustrer journaux et magazine.Georgette A.http://www.blogger.com/profile/15326387528162977876noreply@blogger.com2tag:blogger.com,1999:blog-4158412105566033232.post-20335418917463457822017-05-18T11:50:00.003-07:002017-05-29T08:43:23.814-07:00Choses lues et vues, printemps 2017<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">...Oui, égarements.</span><br />
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br /></span>
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<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEh1wa_VjPcaMq2voDyGq1OBI6RJd2YGrKrg7Li5qPI607ka01nQCgQAyAs4YwIEVVoZHBWW-drneBoOoG4G9FFWbXKk5VD_KiFnNN6VtmR-84iABtA75gjXIS9mZkKYOnsn4C6hyphenhyphenI5TBvYI/s1600/33981163_m.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEh1wa_VjPcaMq2voDyGq1OBI6RJd2YGrKrg7Li5qPI607ka01nQCgQAyAs4YwIEVVoZHBWW-drneBoOoG4G9FFWbXKk5VD_KiFnNN6VtmR-84iABtA75gjXIS9mZkKYOnsn4C6hyphenhyphenI5TBvYI/s400/33981163_m.jpg" width="286" /></a></span></div>
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br /></span>
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">Mais nous y voilà, quand même :</span><br />
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br /></span>
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br /></span>
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><b><br /></b></span>
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEh0IxoDVP2oqFllotzYy2KgJ_dct-7b9mOw2tjJeGuWreP6JpEhAMHIWbVcc-PCNFsK4iLBX1yMJEu8wijH3njsvx38DDfaygvFpFvlqtOU1wEUjBta_ovSpdyH7GL2aDKst709neO1SRqZ/s1600/Aventuriers-du-monde.jpg" imageanchor="1" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="200" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEh0IxoDVP2oqFllotzYy2KgJ_dct-7b9mOw2tjJeGuWreP6JpEhAMHIWbVcc-PCNFsK4iLBX1yMJEu8wijH3njsvx38DDfaygvFpFvlqtOU1wEUjBta_ovSpdyH7GL2aDKst709neO1SRqZ/s200/Aventuriers-du-monde.jpg" width="169" /></a><b>Aventuriers du monde, Pierre Fournié</b></span><br />
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><b> </b>Lu par hasard, un gros livre plein de photographies tirées des collections du musée du Quai Branly, du Musée de la Marine ou de la BNF, dont le propos est de retracer la politique de conquête de territoires par la France du XIXe siècle à la veille de la première guerre mondiale. Sujet qui pourrait être traité uniquement comme un fantasme de papy qui lisait des journeaux d'aventures dans son jeune âge - et qui permet d'aligner le vocabulaire assorti "têtes brûlées", "folles épopées", "hommes en quête d'absolu". Même si le livre nous présente lesdits aventuriers sous un jour très romanesque (certains d'entre eux ont droit à de de courts récits par des écrivains de voyage, pas la meilleure partie du livre), et joue à fond la carte du dépaysement suranné avec les fameuses photographies, il a le mérite de présenter de manière acc<span style="font-size: small;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">essible cette course</span></span> à la description géographique, et plus sinistrement, à la constitution de colonies.</span><br />
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br /></span>
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br /></span>
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<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgcy_O9kFjt1tb4c22fIQh1nM5RcEO3wbNn7w4yLFo1E4je-znc_XUi5H2LMdRQjMz8dk2hRR_uo9VC8ectF9SpmkpPMlaiAZWBW2Vb4U9hs2YI7WLcbPhkYPGRHKWOJM3Tn4Yo7Y6MOYrm/s1600/ob_7906e3_le-langage-de-la-nuit.jpg" imageanchor="1" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="200" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgcy_O9kFjt1tb4c22fIQh1nM5RcEO3wbNn7w4yLFo1E4je-znc_XUi5H2LMdRQjMz8dk2hRR_uo9VC8ectF9SpmkpPMlaiAZWBW2Vb4U9hs2YI7WLcbPhkYPGRHKWOJM3Tn4Yo7Y6MOYrm/s200/ob_7906e3_le-langage-de-la-nuit.jpg" width="136" /></a></span></div>
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><b>Le langage de la nuit, Ursula K. Le Guin </b></span><br />
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">Encore un livre attirant des Forges de Vulcain, qui nous a déjà gratifiés de Charles Yu, de William Morris, et de Robert Mayer. Ce recueil rassemble différentes conférences, articles et avant-propos rédigés par Ursula K. Le Guin dans sa carrière. Ils abordent le sujet de la fantasy, de sa réception et de son écriture. Si quelques uns sont un peu datés, les sujets abordés présentent parfois un réél intérêt : les questions autour de la constitution des mondes de fantasy, ou de l'écriture des personnages, telles que traitées par Le Guin, sont particulièrement stimulantes, et permettent de mieux comprendre son travail d'auteur.</span><br />
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">S<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">on opinion</span> <span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">sur</span> la critique de livres mérite le détour.</span><br />
<br />
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br /></span>
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br /></span>
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjbgGBpH8JVOfqoAh8d-HX0YvIKsYWd8_WixL4yw8-o_RIysaHlotXKUb1cEIB9xkimvGv50Yvlw0FTmOuc-IztC1jzBpB2i_CHw1JAxGQHQX4nmBdX6oWTGm3EwyIeyNdpCpEVyttcBhb6/s1600/1decouv_softcity-600x854.jpg" imageanchor="1" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="200" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjbgGBpH8JVOfqoAh8d-HX0YvIKsYWd8_WixL4yw8-o_RIysaHlotXKUb1cEIB9xkimvGv50Yvlw0FTmOuc-IztC1jzBpB2i_CHw1JAxGQHQX4nmBdX6oWTGm3EwyIeyNdpCpEVyttcBhb6/s200/1decouv_softcity-600x854.jpg" width="140" /></a><span style="font-size: small;"><b>Soft City, Hariton Pushwagner</b></span></span><br />
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="font-size: small;">Les éditions Inculte ont choisi d'éditer une bande dessinée très curieuse, qui traîne derrière elle une "légende noire" : créée dans les 70's lorsque son auteur, l'artiste contemporain Hariton Pushwagner était tout jeune<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"> ;</span> <span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">L</span>ue à ce moment-là par des créateurs comme <span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">B</span>urroughs ou Pete Townshend (rencontrés dans les bars où Pushwagner traînait), elle aurait disparu dans les 80's pour réapparaître dans un grenier en 2000. Soft City est un cauchemar dystopique à la Ballard ou à la Orange mécanique, servi par un dessin faussement maladroit qui nous entraîne dans d'<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">étourdissantes</span> perspectives urbaines. Dans Soft City, toutes les familles se ressemblent et se droguent pour supporter le quotidien, tous les pères ont la même voiture, et chaque jour ressemble au lendemain. </span></span><br />
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="font-size: small;"><b><br /></b></span></span>
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="font-size: small;"><b><br /></b></span></span>
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEifAWMil354PWpxgqa-JqxLbvbVzWz5zP-Ytamh-LbNwRoXLC04FGdr2H1b9ZtovC6vd-zS8XIvkNLNgta2EkqYxoEgXSeIHhX5SQER1Nbb0B4KdS-IN00Dtpgu0PuXUqVlIfpyDHMzlKNU/s1600/amandine_ciosi-ion_edition11-310x442.jpg" imageanchor="1" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="200" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEifAWMil354PWpxgqa-JqxLbvbVzWz5zP-Ytamh-LbNwRoXLC04FGdr2H1b9ZtovC6vd-zS8XIvkNLNgta2EkqYxoEgXSeIHhX5SQER1Nbb0B4KdS-IN00Dtpgu0PuXUqVlIfpyDHMzlKNU/s200/amandine_ciosi-ion_edition11-310x442.jpg" width="140" /></a><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="font-size: small;"><b>Pourquoi faut-il penser à nettoyer son aquarium,</b> et</span></span><br />
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="font-size: small;"><b>Que s'est-il passé à Pont-St-Esprit</b>, Amandine Ciosi</span> </span><br />
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">J'éprouve une grande fascination pour Ion éditions, éditeur angoumoisin fanatique de dessin expérimental et d'illustrateurs inventifs. Cependant, il s'agit d'expérimenter le langage graphique du dessin<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">. En conséquence,</span> les trames narratives sont <span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">perturbées ou absentes</span></span>.</span><br />
<div dir="ltr" id="docs-internal-guid-e539d9a3-1c9a-79fa-7eb7-22f9c6cd1b97" style="line-height: 1.38; margin-bottom: 0pt; margin-top: 0pt;">
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">Une fois ceci admis, on s'amusera beaucoup avec les oeuvres d'Amandine Ciosi, coloriste brillante, spécialiste du non-sens et des crayons de couleurs. Le premier ouvrage est une dinguerie colorée <span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">dans laquelle</span> un aquarium sale <span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">se trouve</span> envahi par les membres d'un cirque aquatique<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">. Lesquels</span> se livrent immédiatement à des acrobaties avec plantes et poissons<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">. L</span>e deuxième nous raconte en noir et blanc la fameuse histoire du pain maudit de Pont-St-Esprit, où la CIA aurait expérimenté en 1951 du LSD sur les habitants de ce petit village du Gard. On ne saura pas ce qui s'y est vraiment passé, mais Ciosi s'inspire de vieilles photos pour croquer une France campagnarde surréaliste. J'aime donc beaucoup Amandine Ciosi, et alors que je la découvre tout juste, c'est avec une grande peine que j'apprends son récent décès.</span><br />
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">On trouvera d'autres réalisations de sa main chez l'éditeur Misma.</span></div>
<div dir="ltr" id="docs-internal-guid-e539d9a3-1c9a-79fa-7eb7-22f9c6cd1b97" style="line-height: 1.38; margin-bottom: 0pt; margin-top: 0pt;">
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br /></span>
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br /></span></div>
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">Des films :</span><br />
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br /></span>
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><b>The lost city of Z, James Gray</b></span><br />
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">Je fais partie de ces français qui aiment James Gray (ou qui aiment son directeur de la photographie), et comme je suis aussi particulièrement sensible aux récits de quête archéologique, on se doute que j'attendais ce film avec appréhension. Et finalement, l'histoire nous emmène ailleurs, là où Percy Fawcett fuit la vie Londonienne. Ce film raconte une quête spirituelle. L'image est luxuriante et superbe. </span><br />
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><b><br /></b></span>
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><b>Grave, Claudia Ducournau</b></span><br />
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">L'horreur française va bien, merci, avec cette prenante histoire de jeune étudiante vétérinaire qui se découvre de plus en plus attirée par ses congénères, et sombre peu à peu dans le cannibalisme. Paradoxalement, Ducournau ne joue pas la surenchère gore, et ce qu'on voit est nécessaire pour donner du sens, et jouer avec le spectateur.</span><br />
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">Le film est malin tout du long, la dernière scène est décevante (très anecdotique, comme la fin obligatoire d'un vieux Buffy).</span><br />
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br /></span>
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"> <b>The Lunchbox, Ritesh Batra</b></span><br />
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">"- C'est l'histoire d'Ilah Singh, une femme mariée qui se fait tromper et qui essaye de regagner son mari en lui faisant livrer ses meilleurs petits plats le midi. Mais le livreur se trompe et la bonne cuisine atterit sur le bureau de Sajaan Fernandez, qui part en pré-retraite dans un mois...</span><br />
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">- Ohlala ! Je m'y vois tout de suite ! C'est un indien, ça chante ça danse et ils s'aiment à la fin !</span><br />
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">- Et bien, ça aurait pu, et le distributeur l'a marketé comme ça, mais en fait, pas du tout. Ilah et Sajaan sont de magnifiques personnages, séparément, et entament une correspondance dans laquelle ils s'entraident et se donnent des conseils. L'amour est abordé, mais ce n'est pas l'option que choisit le film, qui préfère dénouer les clichés traditionnels de la relation amoureuse, et libérer ses personnages."</span><br />
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">C'est très touchant (et ça donne faim).</span><br />
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br /></span>
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br /></span>
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">L'illustrateur : <b>Bazooka</b>, <a href="http://gonzai.com/bazooka-dictature-graphique-et-lignes-brisees/">groupe de graphistes punks </a>chouettes. </span><br />
<br />
<br />Georgette A.http://www.blogger.com/profile/15326387528162977876noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-4158412105566033232.post-77934818975699577912017-05-07T12:45:00.001-07:002017-05-09T03:19:57.817-07:00On l'appelle Jeeg Robot, Gabriele MainettiPrenons un peu de bon temps cinématographique, et parlons de films de super-héros, avec l'italien On l'appelle Jeeg Robot (Lo chiavamavano Jeeg Robot en VO, évocation d'un autre film d'anti-héros burlesque, Trinita*).<br />
Dans ce film italien sorti en 2015, qui a reçu un bon nombre de récompenses dans son pays et réjoui le public d'un certain nombre de festivals européens, nous suivons les aventures d'Enzo Ceccotti, petit voyou de la banlieue de Rome dont le loisir central est le visionnage de films pornos en mangeant des crèmes vanilles.<br />
<br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEg_fwSV72XMN7ZYJmvsmKpIBf4byLAfLIna_eg23hXLefS_5DrL69_HZ6MXtsxKcRntnuBDkoB_47S_GZPpr0MYJ2P99BDJOURO583NXdiloHW7lTBmQtL8HOSeGu2bIuvudO4KN0eUg5iV/s1600/Jeeg-Robot.jpg" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEg_fwSV72XMN7ZYJmvsmKpIBf4byLAfLIna_eg23hXLefS_5DrL69_HZ6MXtsxKcRntnuBDkoB_47S_GZPpr0MYJ2P99BDJOURO583NXdiloHW7lTBmQtL8HOSeGu2bIuvudO4KN0eUg5iV/s400/Jeeg-Robot.jpg" width="266" /></a></div>
<br />
Enzo
est poursuivi sur les bords du Tibre par la police et plonge dans les
eaux pour leur échapper. Il entre alors en contact avec un baril d'un
agent chimique inconnu** et rentre misérablement chez lui, en toussant et
en gémissant. Lorsqu'il se réveille le lendemain, il est devenu surhomme
à la force physique démesurée, talent qu'il met à profit dans ses
larcins.<br />
Quand une série d'évènements place sous sa protection une jeune femme
atteinte de troubles psychiques, qui confond le réél et l'animé Jeeg
Robot (et le prend donc aussitôt pour le héros de l'histoire), Enzo
commence un cheminement qui l'amènera à l'héroïsme.<br />
Cette intrigue
pourrait être simplette si le film ne jouait pas en permanence sur
l'alternance des registres réalistes et parodiques. La banlieue romaine
et ses mafieux sont sordides, mais le grand méchant est un bellâtre ancien de
la télé-réalité qui éprouve une passion pour les chansons romantiques
des années 70. Le héros est un anti-héros pur jus, dont l'appartement
est glauque à un niveau rarement atteint, qui n'hésite pas à se salir
les mains, et porte le poids d'une mélancolie solitaire et romanesque.
Alessia, la jeune fille en détresse, est à la fois personnage romantique
et incarnation de l'innocence enfantine (ce parti-pris est parfois
dérangeant).<br />
L'équilibre précaire entre culture pop et réalisme à
l'italienne fonctionne bien, et la transposition de l'univers des
super-héros dans la banlieue romaine réserve quelques beaux moments,
dont un match de foot Rome-Lazio*** fortement perturbé, un hold-up "à la
main" d'un camion de transport de fonds...<br />
L'ensemble est
particulièrement réjouissant, même si je regrette la gestion des
personnages féminins (on ne se refait pas), qui connaissent des
situations particulièrement déplaisantes.<br />
Sinon, on s'amuse bien, et l'hommage rendu à ces animés que les générations 80-90 ont regardé enfants est plutôt touchant.<br />
<br />
<b>On l'appelle Jeeg Robot, Gabriele Mainetti, 2016. </b><br />
<br />
---<br />
<span style="font-size: x-small;">*TMTC comme ils disent, les jeunes</span><br />
<span style="font-size: x-small;">**et qui n'est pas <a href="https://www.youtube.com/watch?v=9SfjOlHd9ZE">l'agent chimique X</a> ! Mais qui pourrait. </span><br />
<span style="font-size: x-small;">***on m'informe que c'est la même équipe. La balle au pied, vaste territoire inexploré de nos aïeux...</span><br />
Georgette A.http://www.blogger.com/profile/15326387528162977876noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-4158412105566033232.post-78200539342227034312017-04-30T07:50:00.000-07:002017-04-30T07:50:09.347-07:00Paper Girls, Cliff Chiang, Brian K. Vaughan, Matt Wilson<div dir="ltr" id="docs-internal-guid-60807c96-3e30-37a3-4fcb-83f24c803755" style="line-height: 1.38; margin-bottom: 0pt; margin-top: 0pt;">
<span style="background-color: transparent; color: black; font-family: "arial"; font-size: 11pt; font-style: normal; font-variant: normal; font-weight: 400; text-decoration: none; vertical-align: baseline;">Paper girls est un comic book édité aux US en juillet 2016, traduit chez nous fin 2016, et ayant pour scénariste Brian K. Vaughan (qui est fan de SF : il a été le scénariste des comics Y le dernier homme, du célèbre Saga, et des séries Lost et Under the dome). </span></div>
<div dir="ltr" id="docs-internal-guid-60807c96-3e30-37a3-4fcb-83f24c803755" style="line-height: 1.38; margin-bottom: 0pt; margin-top: 0pt;">
<span style="background-color: transparent; color: black; font-family: "arial"; font-size: 11pt; font-style: normal; font-variant: normal; font-weight: 400; text-decoration: none; vertical-align: baseline;">Le dessin est de Cliff Chiang, illustrateur qui s’est fait remarquer récemment en relançant le comics Wonder Woman avec des dessins très dynamiques. Et, car elles tiennent une place très importante dans la réussite de la série, les couleurs sont de Matt Wilson. Illustrateur qui travaille aussi avec Cliff Chiang sur Wonder Woman, et qui est un passionné de théorie des couleurs. </span><br />
<br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgrUP4wkyYM92QQZnGtg1tcfvorvFRRXcWI8juaP9zDVec7LfQBL6HHS3gH6c0J7rYxtmisWblohQ5Ny4Oxw7nphhaOdDDaE7RELG-kslxOHv5ogXouxApthWqZMQgvNndK4jS21hsCgMfP/s1600/PaperGirls_Vol01-1.png" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="320" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgrUP4wkyYM92QQZnGtg1tcfvorvFRRXcWI8juaP9zDVec7LfQBL6HHS3gH6c0J7rYxtmisWblohQ5Ny4Oxw7nphhaOdDDaE7RELG-kslxOHv5ogXouxApthWqZMQgvNndK4jS21hsCgMfP/s320/PaperGirls_Vol01-1.png" width="208" /></a></div>
</div>
<div dir="ltr" style="line-height: 1.38; margin-bottom: 0pt; margin-top: 0pt;">
<span style="background-color: transparent; color: black; font-family: "arial"; font-size: 11pt; font-style: normal; font-variant: normal; font-weight: 400; text-decoration: none; vertical-align: baseline;">Paper girls commence le 31 octobre 1988, matin d’Halloween, dans une petite ville de l’Ohio. Erin, une petite adolescente de 13-14 ans, se réveille aux aurores, prend son vélo, et part livrer les journaux sur les perrons des petites maisons de banlieue. Au détour d’une rue, elle se fait menacer par une bande de garçons plus âgés, costumés en ninja, en Pennywise et Freddy Krugger. Au moment où on commence à s’inquiéter pour elle, même si elle a une bonne répartie, un gang de trois livreuses de vélos, qui se repère avec des talkies walkies et armées de crosses de hockey, vient lui sauver la mise. Les filles sont dirigées par Mac, la première fille de Stony Stream à être devenue livreuse de journaux, ce qui était autrefois réservé aux garçons. Et comme tout chef de bande adolescent qui se respecte, Mac a la classe, fume des cigarette, et tient tête au policier du coin.</span></div>
<div dir="ltr" style="line-height: 1.38; margin-bottom: 0pt; margin-top: 0pt;">
<br /></div>
<div dir="ltr" style="line-height: 1.38; margin-bottom: 0pt; margin-top: 0pt;">
<span style="background-color: transparent; color: black; font-family: "arial"; font-size: 11pt; font-style: normal; font-variant: normal; font-weight: 400; text-decoration: none; vertical-align: baseline;">Jusque là, Paper Girls est un bon comics rock et féministe, avec des personnages intrigants. Sauf qu’en se séparant en deux groupes, les filles se font attaquer et voler un talkie-walkie. Bien décidées à en découdre, elles partent à la recherche de leurs assaillants et trouvent...des extraterrestres. A ce stade, je ne veux pas complétement dévoiler le tome 1 ou ses suites, je peux essentiellement en dire qu’il présente pas mal de personnages inquiétants, qui semblent venir soit d’une autre réalité, soit d’une autre temps, que les adultes fonctionnels sont plutôt absents et les filles laissées à elles-même (ce dont elles se débrouillent bien, ce ne sont pas des gentilles filles).</span></div>
<div dir="ltr" style="line-height: 1.38; margin-bottom: 0pt; margin-top: 0pt;">
<br /></div>
<div dir="ltr" style="line-height: 1.38; margin-bottom: 0pt; margin-top: 0pt;">
<span style="background-color: transparent; color: black; font-family: "arial"; font-size: 11pt; font-style: normal; font-variant: normal; font-weight: 400; text-decoration: none; vertical-align: baseline;">Paper girls réussit à jouer sur de nombreux tableaux, et on peut notamment saluer les quatre personnages féminins, cools et crédibles, qui semblent vraiment avoir des raisonnements d’intrépides adolescentes. Les filles ne sont pas des clichés, et leurs sentiments passent du courage à l'émerveillement enfantin avec un naturel satisfaisant.</span></div>
<div dir="ltr" style="line-height: 1.38; margin-bottom: 0pt; margin-top: 0pt;">
<span style="background-color: transparent; color: black; font-family: "arial"; font-size: 11pt; font-style: normal; font-variant: normal; font-weight: 400; text-decoration: none; vertical-align: baseline;">Une part de son charme réside également dans la peinture de la banlieue américaine, qui joue à fond sur la nostalgie de ces dernières années, associée à la cinéphilie de Brian K. Vaughan, qui a fait des études de cinéma : le comics est plein de clins d’oeil à des films fantastiques, mais aussi au mode de vie des 80's (il y a une petite séquence très réussie sur l’addiction aux jeux vidéo de Tiffany).</span><br />
<span style="background-color: transparent; color: black; font-family: "arial"; font-size: 11pt; font-style: normal; font-variant: normal; font-weight: 400; text-decoration: none; vertical-align: baseline;">Le récit montre une vraie maîtrise de la narration et du suspens, qui fonctionne comme dans un vieux film, avec des indices plus ou moins subtils laissés pour le lecteur, et pourraient rappeler le mécanisme de Lost.</span></div>
<br />
<span style="background-color: transparent; color: black; font-family: "arial"; font-size: 11pt; font-style: normal; font-variant: normal; font-weight: 400; text-decoration: none; vertical-align: baseline;">L’un des grands points forts réside dans la qualité graphique de l’ensemble, avec des mises en couleurs qui parviennent alternativement à être éclatantes et pop, comme dans les têtes de chapitre, et subtiles et délicates comme dans les scènes de nuit ou de chien et loup. Par un travail audacieux de dessin et l'alternance soignée des couleurs froides et chaudes, Matt Wilson et Cliff Chiang renforcent l'impact du récit tout en lui donnant un aspect visuellement marquant.</span><br />
<br />
<span style="background-color: transparent; color: black; font-family: "arial"; font-size: 11pt; font-style: normal; font-variant: normal; font-weight: 400; text-decoration: none; vertical-align: baseline;">Paper girls volumes 1 et 2 est une grande réussite, et j'espère que les numéros suivants le seront tout autant. </span>Georgette A.http://www.blogger.com/profile/15326387528162977876noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-4158412105566033232.post-30016747256005868982017-03-22T02:59:00.000-07:002017-03-22T04:34:15.829-07:00Telluria, Vladimir Sorokine<div dir="ltr" id="docs-internal-guid-d2ab02f4-f529-6dc2-0688-38534de462ad" style="line-height: 1.38; margin-bottom: 0pt; margin-top: 0pt;">
<span style="background-color: transparent; color: black; font-family: "arial"; font-size: 11pt; font-style: normal; font-variant: normal; font-weight: 400; text-decoration: none; vertical-align: baseline;">Et Clac ! A l'occase de la sortie de ce chouette bouquin, je m’interroge sur la collection Exofiction chez Actes Sud, pleine de machins bankables qui n’ont pas grand rapport entre eux : on a de la SF comme </span><span style="background-color: transparent; color: black; font-family: "arial"; font-size: 11pt; font-style: italic; font-variant: normal; font-weight: 400; text-decoration: none; vertical-align: baseline;">Silo</span><span style="background-color: transparent; color: black; font-family: "arial"; font-size: 11pt; font-style: normal; font-variant: normal; font-weight: 400; text-decoration: none; vertical-align: baseline;"> de James Howey qui est un auto publié qui a ramassé des brasses d’argent, </span><span style="background-color: transparent; color: black; font-family: "arial"; font-size: 11pt; font-style: italic; font-variant: normal; font-weight: 400; text-decoration: none; vertical-align: baseline;">The Expanse</span><span style="background-color: transparent; color: black; font-family: "arial"; font-size: 11pt; font-style: normal; font-variant: normal; font-weight: 400; text-decoration: none; vertical-align: baseline;"> de James Corey : du space op’ vu à la TV, le fameux Cixin Liu qui a déchaîné les passions, et à côté des titres d’auteurs de littérature empilés là parce qu’il fallait les mettre quelque part (et parce qu’eux aussi, il ramassent des brasses d’argent) : on a eu Vollmann, on a Sorokine, et une réédition de Zamiatine, <i>Nous</i> (qu’il faut lire, c'est l'un des trois grands classiques dystopiques avec <i>Le meilleur des mondes</i> et <i>1984</i>). Tous ces titres sont très alléchants, mais un peu disparates.</span></div>
<div dir="ltr" id="docs-internal-guid-d2ab02f4-f529-6dc2-0688-38534de462ad" style="line-height: 1.38; margin-bottom: 0pt; margin-top: 0pt;">
<br /></div>
<div dir="ltr" id="docs-internal-guid-d2ab02f4-f529-6dc2-0688-38534de462ad" style="line-height: 1.38; margin-bottom: 0pt; margin-top: 0pt;">
<table align="center" cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="margin-left: auto; margin-right: auto; text-align: center;"><tbody>
<tr><td style="text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhm_vPW-0c0dhU1IUzmW3VgY-xi25qPFwj9ZpZgMJPDAzTlrs0LnAdu4b_F2WfHwhaF4udAkrlKpV2cdmPMdxTF2NjX9P6J-toQfVzx6jUqkYECVknr7fpl8bJ1RUMOSO3nLDSnpul8fqNT/s1600/9782330073145.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhm_vPW-0c0dhU1IUzmW3VgY-xi25qPFwj9ZpZgMJPDAzTlrs0LnAdu4b_F2WfHwhaF4udAkrlKpV2cdmPMdxTF2NjX9P6J-toQfVzx6jUqkYECVknr7fpl8bJ1RUMOSO3nLDSnpul8fqNT/s400/9782330073145.jpg" width="241" /></a></td></tr>
<tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;">Couv' de Santiago Caruso, <a href="http://santiagocaruso.com.ar/">illustrateur sombre et cool </a></td></tr>
</tbody></table>
<br /></div>
<br />
<div dir="ltr" style="line-height: 1.38; margin-bottom: 0pt; margin-top: 0pt;">
<span style="background-color: transparent; color: black; font-family: "arial"; font-size: 11pt; font-style: normal; font-variant: normal; font-weight: 400; text-decoration: none; vertical-align: baseline;">Enfin, cette fois, Exofictions nous permet le plaisir de lire un Sorokine paru en Russie en 2013, et ledit Sorokine est un auteur à lire, tant il est provocateur, littéraire et malin. Un de ses romans, le prodigieux </span><span style="background-color: transparent; color: black; font-family: "arial"; font-size: 11pt; font-style: italic; font-variant: normal; font-weight: 400; text-decoration: none; vertical-align: baseline;">Lard Bleu</span><span style="background-color: transparent; color: black; font-family: "arial"; font-size: 11pt; font-style: normal; font-variant: normal; font-weight: 400; text-decoration: none; vertical-align: baseline;">, lui a valu d’être attaqué en justice par le régime de Poutine pour pornographie (Staline et Khrouchtchev y ont des rapports sexuels), alors que les jeunesses Poutiniennes "</span><span style="background-color: transparent; color: black; font-family: "arial"; font-size: 11pt; font-style: italic; font-variant: normal; font-weight: 400; text-decoration: none; vertical-align: baseline;">ont construit en face du Bolchoï une énorme cuvette de WC. La foule lançait les livres déchirés dans la cuvette.</span><span style="background-color: transparent; color: black; font-family: "arial"; font-size: 11pt; font-style: normal; font-variant: normal; font-weight: 400; text-decoration: none; vertical-align: baseline;">"*</span><span style="background-color: transparent; color: black; font-family: "arial"; font-size: 11pt; font-style: italic; font-variant: normal; font-weight: 400; text-decoration: none; vertical-align: baseline;"> </span><span style="background-color: transparent; color: black; font-family: "arial"; font-size: 11pt; font-style: normal; font-variant: normal; font-weight: 400; text-decoration: none; vertical-align: baseline;">Ce bouquin mettait notamment en scène la réanimation des auteurs classiques russes grâce à leur ADN -comme les dinosaures de Jurassic Park- et des morceaux parodiques desdits auteurs. C’est aussi l’auteur de </span><span style="background-color: transparent; color: black; font-family: "arial"; font-size: 11pt; font-style: italic; font-variant: normal; font-weight: 400; text-decoration: none; vertical-align: baseline;">Journée d’un opritchnik</span><span style="background-color: transparent; color: black; font-family: "arial"; font-size: 11pt; font-style: normal; font-variant: normal; font-weight: 400; text-decoration: none; vertical-align: baseline;">, journée-cauchemar dont le titre fait hommage à Soljenitsyne, qui raconte le futur d’une Russie dirigée par l’équivalent d’Ivan le Terrible, à travers les yeux du boyard qui maltraite les foules, et de la <i>Trilogie de la </i></span><i><span style="background-color: transparent; color: black; font-family: "arial"; font-size: 11pt; font-variant: normal; font-weight: 400; text-decoration: none; vertical-align: baseline;">Glace</span></i><span style="background-color: transparent; color: black; font-family: "arial"; font-size: 11pt; font-style: normal; font-variant: normal; font-weight: 400; text-decoration: none; vertical-align: baseline;">, dans laquelle il attaque le communisme, et la société consumériste (un de ses premiers romans, </span><span style="background-color: transparent; color: black; font-family: "arial"; font-size: 11pt; font-style: italic; font-variant: normal; font-weight: 400; text-decoration: none; vertical-align: baseline;">La Norme</span><span style="background-color: transparent; color: black; font-family: "arial"; font-size: 11pt; font-style: normal; font-variant: normal; font-weight: 400; text-decoration: none; vertical-align: baseline;">, semble l’attaquer de manière extrêmement virulente, mais il n’est pas traduit à ma connaissance). </span></div>
<div dir="ltr" style="line-height: 1.38; margin-bottom: 0pt; margin-top: 0pt;">
<span style="background-color: transparent; color: black; font-family: "arial"; font-size: 11pt; font-style: normal; font-variant: normal; font-weight: 400; text-decoration: none; vertical-align: baseline;">Dans tous ses livres, Sorokine utilise son humour burlesque et absurde, sa maîtrise de la littérature classique pour servir son propos (pas de table rase du nouveau Roman en Russie, on rend toujours hommage aux maîtres) : on trouve dans tous ses livres des parodies de Nabokov, de Rabelais, de Gogol, de Pouchkine, de Tchekhov.</span></div>
<div dir="ltr" style="line-height: 1.38; margin-bottom: 0pt; margin-top: 0pt;">
<br /></div>
<div dir="ltr" style="line-height: 1.38; margin-bottom: 0pt; margin-top: 0pt;">
<span style="background-color: transparent; color: black; font-family: "arial"; font-size: 11pt; font-style: normal; font-variant: normal; font-weight: 400; text-decoration: none; vertical-align: baseline;">On pourrait le comparer à un Pelevine, autre maître Russe du burlesque lettré, mais Sorokine va bien plus loin dans la provocation, et dans la virulence malpolie de ses univers alternatifs.</span></div>
<div dir="ltr" style="line-height: 1.38; margin-bottom: 0pt; margin-top: 0pt;">
<br /></div>
<div dir="ltr" style="line-height: 1.38; margin-bottom: 0pt; margin-top: 0pt;">
<span style="background-color: transparent; color: black; font-family: "arial"; font-size: 11pt; font-style: normal; font-variant: normal; font-weight: 400; text-decoration: none; vertical-align: baseline;">La dystopie Sorokinienne est très violente, mais elle est rarement triste, et c’est le cas de Telluria, qui présente une Europe et une Russie qui ont explosé en micro-États (la Normandie est indépendante !), où les habitants vivent une sorte d’Âge Sombre de l’évolution (selon les états on est en plein Moyen-âge, en plein XIXe avec nobles Russes, ou dans de bizarres versions communistes sectaires), tandis que les plus riches ont accès à des technologies de pointe. Le monde est en plein désarroi, il y a des géants et des nains, et toutes ces bonnes gens ne rêvent qu’à deux choses : se faire insérer un clou de Tellure dans la tête parce que cela provoque le bonheur parfait et l’oubli de la réalité, ou réussir à acheter un Futé, smartphone quasi-magique qui prendra la forme que l’on désire et racontera de belles histoires. Si union il y a, elle se fait contre les invasions de talibans venus de Stockholm. Cette débandade désespérée est illustrée par la forme du roman lui-même : il n’y a aucun fil narratif à suivre, et les 50 chapitres se lisent comme autant de nouvelles, chacune écrite dans un style différent, et qui permettent de balayer l’univers créé par l’auteur. </span><br />
<br />
<span style="background-color: transparent; color: black; font-family: "arial"; font-size: 11pt; font-style: normal; font-variant: normal; font-weight: 400; text-decoration: none; vertical-align: baseline;">Je vous gâche quelques lignes narratives : on y trouve un pseudo conte de fée mettant en scène Patapin-le-petit-pain, futé bien désirable, le vaillant escadron des abeilles bleues de Normandie occupé à annexer les mines de Tellure du Caucase, des nobles Russes languissantes et fin de siècle qui picolent, des amazones du Rhin qui se croient dans Tolkien, une tricherie au concours de danse inter-tailles d'un petit village, des chiens anthropophages et philosophes... </span></div>
<div dir="ltr" style="line-height: 1.38; margin-bottom: 0pt; margin-top: 0pt;">
<span style="background-color: transparent; color: black; font-family: "arial"; font-size: 11pt; font-style: normal; font-variant: normal; font-weight: 400; text-decoration: none; vertical-align: baseline;">Beaucoup de ces micro-nouvelles sont stupéfiantes, combinant des audaces stylistiques et un humour sauvage, et c’est là un point fort de <i>Telluria</i> : Sorokine est un auteur exigeant qui rend hommage à d’autres textes, et on peut parfois se trouver en difficulté lors d’une première lecture, si l’on ne maîtrise pas l’éventail de références. Sans doute grâce à sa forme, <i>Telluria</i> est plus accessible, et constitue un bon début pour commencer à fréquenter ce maître intempérant.</span></div>
<div dir="ltr" style="line-height: 1.38; margin-bottom: 0pt; margin-top: 0pt;">
<br /></div>
<div dir="ltr" style="line-height: 1.38; margin-bottom: 0pt; margin-top: 0pt;">
<span style="background-color: transparent; color: black; font-family: "arial"; font-size: 11pt; font-style: normal; font-variant: normal; font-weight: 400; text-decoration: none; vertical-align: baseline;">Et je n'en dis pas plus, car il faut le lire et juger par soi-même.</span></div>
<div dir="ltr" style="line-height: 1.38; margin-bottom: 0pt; margin-top: 0pt;">
<br /></div>
<div dir="ltr" style="line-height: 1.38; margin-bottom: 0pt; margin-top: 0pt;">
<span style="background-color: transparent; color: black; font-family: "arial"; font-size: 11pt; font-style: normal; font-variant: normal; font-weight: 400; text-decoration: none; vertical-align: baseline;"><b>Telluria, Vladimir Sorokine, Actes Sud collection Exofictions, 2017. Traduit par Anne Coldefy-Faucard.</b></span></div>
<div dir="ltr" style="line-height: 1.38; margin-bottom: 0pt; margin-top: 0pt;">
<br /></div>
<div dir="ltr" style="line-height: 1.38; margin-bottom: 0pt; margin-top: 0pt;">
<span style="background-color: transparent; color: black; font-family: "arial"; font-size: 11pt; font-style: normal; font-variant: normal; font-weight: 400; text-decoration: none; vertical-align: baseline;"><b>--- </b></span></div>
<br />
<span style="background-color: transparent; color: black; font-family: "arial"; font-size: 11pt; font-style: normal; font-variant: normal; font-weight: 400; text-decoration: none; vertical-align: baseline;"><span style="font-size: x-small;">*Dixit Sorokine himself dans une interview aux Inrocks.</span></span>Georgette A.http://www.blogger.com/profile/15326387528162977876noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-4158412105566033232.post-31941382194280684852017-03-16T03:15:00.004-07:002017-03-16T03:56:48.383-07:00La panse, Léo Henry<h2 dir="ltr" id="docs-internal-guid-f5582bb7-d684-bb39-9446-4ab750fc052e" style="line-height: 1.38; margin-bottom: 0pt; margin-top: 0pt;">
<span style="background-color: transparent; color: black; font-family: "arial"; font-size: 11pt; font-style: normal; font-variant: normal; font-weight: 400; text-decoration: none; vertical-align: baseline;">Le dernier Henry, c’est du direct en poche, paru chez Folio SF, après <i>Le Casse du Continuum</i>, en 2014, qui était déjà un exercice associant science-fiction et casse à la <i>Ocean’s eleven</i> très efficace.</span></h2>
<div dir="ltr" style="line-height: 1.38; margin-bottom: 0pt; margin-top: 0pt;">
<span style="background-color: transparent; color: black; font-family: "arial"; font-size: 11pt; font-style: normal; font-variant: normal; font-weight: 400; text-decoration: none; vertical-align: baseline;">A priori, le conférencier régulier de la librairie Charybde a l’intention de réaliser 3 livres avec folio SF : on a eu la SF (<i>Le Casse</i>), le fantastique (celui-ci), et vraisemblablement, un fantasy serait peut-être à suivre. </span></div>
<div dir="ltr" style="line-height: 1.38; margin-bottom: 0pt; margin-top: 0pt;">
<span style="background-color: transparent; color: black; font-family: "arial"; font-size: 11pt; font-style: normal; font-variant: normal; font-weight: 400; text-decoration: none; vertical-align: baseline;">En bon amateur de cocktail, l'auteur nous a combiné dans ce roman urbanisme contemporain, thriller et fantastique. </span></div>
<table align="center" cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="margin-left: auto; margin-right: auto; text-align: center;"><tbody>
<tr><td style="text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgGzQuQoojhjX4DA7zl8DEIiDAPVCIMm_But4KM3PD0ZPoFNBa3UO57ULymqlZi7ole2g7uTkJ8yJu0f6XPnkK4FUx-pmpvBD8Ay5mVIVPNdP5HvGT4zuCutCB-RH2Fd9bzLa6gVlp5nOOm/s1600/panseLhenry.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgGzQuQoojhjX4DA7zl8DEIiDAPVCIMm_But4KM3PD0ZPoFNBa3UO57ULymqlZi7ole2g7uTkJ8yJu0f6XPnkK4FUx-pmpvBD8Ay5mVIVPNdP5HvGT4zuCutCB-RH2Fd9bzLa6gVlp5nOOm/s400/panseLhenry.jpg" width="242" /></a></td></tr>
<tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;">Magnifique couv' d'Aurélien Police</td></tr>
</tbody></table>
<div dir="ltr" style="line-height: 1.38; margin-bottom: 0pt; margin-top: 0pt;">
<br /></div>
<div dir="ltr" style="line-height: 1.38; margin-bottom: 0pt; margin-top: 0pt;">
<span style="background-color: transparent; color: black; font-family: "arial"; font-size: 11pt; font-style: normal; font-variant: normal; font-weight: 400; text-decoration: none; vertical-align: baseline;">Dans <i>La panse</i>, on suit Bastien, jeune fêtard parisien, dont la soeur disparaît mystérieusement dans le quartier de La Défense. Pour enquêter, il infiltre un mystérieux groupe, qui détient entre autre Néo Clean, une société de nettoyage des bureaux -très bonnes pages sur l’aspect physique de ce métier. Très vite, on découvre que les pauses déjeuner sont dédiées à la méditation et au sport, et qu’on mange sain et bio (mmh... Ce serait pas une secte, dis ?). </span></div>
<div dir="ltr" style="line-height: 1.38; margin-bottom: 0pt; margin-top: 0pt;">
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<div dir="ltr" style="line-height: 1.38; margin-bottom: 0pt; margin-top: 0pt;">
<span style="background-color: transparent; color: black; font-family: "arial"; font-size: 11pt; font-style: normal; font-variant: normal; font-weight: 400; text-decoration: none; vertical-align: baseline;">C’est l’occasion pour le science-fictionneux Strasbourgeois de s'intéresser à cette tendance de l'intégration du new age dans la vie professionnelle, par le biais de la méditation de pleine conscience, de la pratique zen... Comme le dit un personnage : “au bout du compte, les entreprises ne s’intéressent qu’au tangible [...] Ce qui leur importe, c’est l’efficacité, le quantifiable. Si une quelconque dimension spirituelle est mise en avant dans leur discours, tu peux être certain que les techniques visent en réalité un objectif matériel précis. Aucun patron n’a besoin ni envie d’employés émancipés.”</span></div>
<div dir="ltr" style="line-height: 1.38; margin-bottom: 0pt; margin-top: 0pt;">
<span style="background-color: transparent; color: black; font-family: "arial"; font-size: 11pt; font-style: normal; font-variant: normal; font-weight: 400; text-decoration: none; vertical-align: baseline;">Dans le cas de la société qu’intègre Bastien, l’objectif matériel existe bel et bien, mais il faut enquêter pour le trouver : il faut s’infiltrer de niveau en niveau, car “Apis”, qui se révèle très vite une sorte de secte (Aaaah, je le savais !) où les employés logent tous ensemble dans un dortoir, a plusieurs niveaux que les initiés doivent gravir.</span></div>
<div dir="ltr" style="line-height: 1.38; margin-bottom: 0pt; margin-top: 0pt;">
<span style="background-color: transparent; color: black; font-family: "arial"; font-size: 11pt; font-style: normal; font-variant: normal; font-weight: 400; text-decoration: none; vertical-align: baseline;">Niveaux qui portent des noms évocateurs de l'activité digestive "Rumen", "Panse", "Feuillet", Caillette", la secte dévorant et digérant ses membres, le sous-texte de ce court récit pouvant être "manger ou être mangé dans l'entreprise contemporaine".</span></div>
<div dir="ltr" style="line-height: 1.38; margin-bottom: 0pt; margin-top: 0pt;">
<span style="background-color: transparent; color: black; font-family: "arial"; font-size: 11pt; font-style: normal; font-variant: normal; font-weight: 400; text-decoration: none; vertical-align: baseline;">Ce qui fait que je ne suis pas très étonnée d'apprendre que pour ce récit, l'auteur a été coaché par Laurent Kloetzer, à qui on devait déjà un roman remarquable sur le management des grandes entreprises, CLEER (écrit à deux avec l'autre L. Kloetzer). </span></div>
<div dir="ltr" style="line-height: 1.38; margin-bottom: 0pt; margin-top: 0pt;">
<span style="background-color: transparent; color: black; font-family: "arial"; font-size: 11pt; font-style: normal; font-variant: normal; font-weight: 400; text-decoration: none; vertical-align: baseline;"><br /></span></div>
<div dir="ltr" style="line-height: 1.38; margin-bottom: 0pt; margin-top: 0pt;">
<span style="background-color: transparent; color: black; font-family: "arial"; font-size: 11pt; font-style: normal; font-variant: normal; font-weight: 400; text-decoration: none; vertical-align: baseline;">A ce stade, <i>La panse</i> révèle une fausse simplicité, et en a méchamment sous le capot.</span></div>
<div dir="ltr" style="line-height: 1.38; margin-bottom: 0pt; margin-top: 0pt;">
<span style="background-color: transparent; color: black; font-family: "arial"; font-size: 11pt; font-style: normal; font-variant: normal; font-weight: 400; text-decoration: none; vertical-align: baseline;"><br /></span></div>
<div dir="ltr" style="line-height: 1.38; margin-bottom: 0pt; margin-top: 0pt;">
<span style="background-color: transparent; color: black; font-family: "arial"; font-size: 11pt; font-style: normal; font-variant: normal; font-weight: 400; text-decoration: none; vertical-align: baseline;">Le roman comporte en plus de spectaculaires mises en scène de la Défense, de ses vides souterrains (les buildings sont bâtis sur une dalle, on trouve de très bonnes photos d’explorations urbaines sur le net), son architecture dystopique (mélange de neuf pimpant et de béton décrépit), des tours nuages juste à côté, et des éléments clés de l’histoire du quartier...</span></div>
<div dir="ltr" style="line-height: 1.38; margin-bottom: 0pt; margin-top: 0pt;">
<span style="background-color: transparent; color: black; font-family: "arial"; font-size: 11pt; font-style: normal; font-variant: normal; font-weight: 400; text-decoration: none; vertical-align: baseline;">Toute cette partie : l’infiltration écrite au présent pour être plus efficace, et la description de la défense, constitue l’un des grands points forts du roman. </span></div>
<div dir="ltr" style="line-height: 1.38; margin-bottom: 0pt; margin-top: 0pt;">
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<div dir="ltr" style="line-height: 1.38; margin-bottom: 0pt; margin-top: 0pt;">
<span style="background-color: transparent; color: black; font-family: "arial"; font-size: 11pt; font-style: normal; font-variant: normal; font-weight: 400; text-decoration: none; vertical-align: baseline;">Bastien, en revanche, car il faut bien nuancer à un moment, est transparent, sans doute volontairement pour permettre une meilleure immersion (un peu comme un First Person Shooter en jeu vidéo, ou comme Bella Swan dans le film romantique pour ado dont j’ai oublié le nom**). Il a bien une soeur, mais elle n’est pas très sympathique, il a bien une fille, et des parents, mais on n’arrive pas à ressentir de l’intérêt pour eux, et son objectif de quête est du coup moins prenant, ses mésaventures ont un peu moins de poids, et cela a une influence sur les 50 dernières pages.</span></div>
<div dir="ltr" style="line-height: 1.38; margin-bottom: 0pt; margin-top: 0pt;">
<span style="background-color: transparent; color: black; font-family: "arial"; font-size: 11pt; font-style: normal; font-variant: normal; font-weight: 400; text-decoration: none; vertical-align: baseline;">Ce n’est pas le cas de tout le monde, la famille de Théo, Black panther de la Défense qui vit dans les Tours Nuages avec leur chien Tolstoï, est aussi cool que peu présente. </span></div>
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<span style="background-color: transparent; color: black; font-family: "arial"; font-size: 11pt; font-style: normal; font-variant: normal; font-weight: 400; text-decoration: none; vertical-align: baseline;">Pour autant, toute la partie “d’ambiance” sur le quartier de La Défense et son passé, tout le début de l’infiltration, est très bon, encore meilleur si on connait un peu le quartier, et toute la réflexion sur la consommation entreprenariale me réjouit.</span><br />
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<span style="background-color: transparent; color: black; font-family: "arial"; font-size: 11pt; font-style: normal; font-variant: normal; font-weight: 400; text-decoration: none; vertical-align: baseline;">Tout cela accompagne bien le chouette recueil <i>Demain le travail</i>, dont on peut se délecter à La Volte depuis fin février, et dont on reparlera.</span><br />
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<span style="background-color: transparent; color: black; font-family: "arial"; font-size: 11pt; font-style: normal; font-variant: normal; font-weight: 400; text-decoration: none; vertical-align: baseline;"><br /></span>
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<span style="background-color: transparent; color: black; font-family: "arial"; font-size: 11pt; font-style: normal; font-variant: normal; font-weight: 400; text-decoration: none; vertical-align: baseline;"><span style="font-size: x-small;"><b> <span style="font-size: small;">La panse / Léo Henry, Folio SF, 2016. </span></b></span></span><br />
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<span style="background-color: transparent; color: black; font-family: "arial"; font-size: 11pt; font-style: normal; font-variant: normal; font-weight: 400; text-decoration: none; vertical-align: baseline;"><span style="font-size: x-small;"><b>---</b></span></span><br />
<span style="background-color: transparent; color: black; font-family: "arial"; font-size: 11pt; font-style: normal; font-variant: normal; font-weight: 400; text-decoration: none; vertical-align: baseline;"><span style="font-size: x-small;"><br /></span></span>
<span style="background-color: transparent; color: black; font-family: "arial"; font-size: 11pt; font-style: normal; font-variant: normal; font-weight: 400; text-decoration: none; vertical-align: baseline;"><span style="font-size: x-small;">**<i>Le-Vampirisme-cheveux-au-vent</i> ? <i>Comme-un-vampire-clignotant-dans-le-brouillard </i>? Non, ça ne me revient pas...</span></span>Georgette A.http://www.blogger.com/profile/15326387528162977876noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-4158412105566033232.post-65042405202649124892017-02-23T13:50:00.001-08:002017-02-23T14:04:36.484-08:00Flâneuse, Lauren ElkinQuelque part entre janvier et maintenant, ce blog a eu deux ans.<br />
C'est un non-événement, l'occasion d'osciller encore entre la satisfaction d'avoir un coin pour bricoler des opinions sur maints sujets et le reproche constant de ne pas réussir à le faire de manière normée, et à des intervalles réguliers.<br />
En résumant, c'est le bordel, continuons encore un peu.<br />
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Pendant que février s'écoulait, j'ai emmené avec moi dans le métro <i>Flâneuse</i>, de Lauren Elkin.<br />
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<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEj_DralYut-qrPXbTQMnALXjWiSuSOVjBXX88Lxg2_sHuxODoj1HuRLEf2oCHuHZSADPN6bTlB2XDKqn5BT9eskTkbum6j2QH45EMuYMYaQUWHIdMXSRYh9gSuVGmB1SyaE71q-hISijJaT/s1600/%2526NCS_modified%253D20160728091228%2526MaxW%253D640%2526MaxH%253D427%2526AR-160729175.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEj_DralYut-qrPXbTQMnALXjWiSuSOVjBXX88Lxg2_sHuxODoj1HuRLEf2oCHuHZSADPN6bTlB2XDKqn5BT9eskTkbum6j2QH45EMuYMYaQUWHIdMXSRYh9gSuVGmB1SyaE71q-hISijJaT/s400/%2526NCS_modified%253D20160728091228%2526MaxW%253D640%2526MaxH%253D427%2526AR-160729175.jpg" width="248" /></a></div>
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Il y a bien des manières de traiter les motifs de la ville, et la psychogéographie est un sport à la mode (je pense parler très bientôt des <i>Villes imaginaires</i> de Darran Anderson, qui sortira en mars chez Inculte), mais Lauren Elkin ajoute deux données très importantes à sa dérive citadine : la femme, et la littérature.<br />
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L'introduction nous met en rapport avec l'aspect féminin (et féministe) du promeneur Beaudelairien : la flâneuse, subtilement subversive, qui s'approprie l'espace public masculin en l'arpentant.<br />
Grâce à plusieurs destins de consoeurs artistes, cinéastes et auteurs (Jean Rhys, Virginia Woolf, Georges Sand, Sophie Calle, Agnès Varda, Martha Gellhorn), qu'elle entremêle à son histoire personnelle, Lauren Elkin brosse un portrait très touchant de la femme dans la ville.<br />
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Les exemples choisis lui permettent de dresser en creux la silhouette de la citadine, à travers les différentes périodes de son existence, et de démontrer au fil des pages sa connaissance érudite de la littérature féminine du XXe siècle.<br />
Bien que nourries de multiples notes de bas de pages, les réflexions d'Elkin ne sont jamais arides, grâce à son propre récit initiatique, et la tendresse avec laquelle elle dépeint ses camarades artistes. Georges Sand, Virginia Woolf ou Martha Gellhorn ne nous ont jamais semblé si proches, et en ces temps où nous cherchons toutes des livres présentant des modèles féminins positifs et complexes, c'est une chose appréciable.<br />
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<i>Flâneuse</i> est un livre dont on sort grandi, à la fois charmé par la compagnie de Lauren Elkin, qui parvient avec simplicité à faire partager son amour de la littérature, et inspiré par les pistes culturelles qu'elle nous suggère.<br />
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Il faut bien un défaut à une lecture aussi plaisante : Lauren Elkin, américaine vivant le rêve Parisien et faisant partie d'une profession qui semble lui permettre un certain confort horaire, il est à craindre que son expérience de voyageuse bohême ne soit pas celle de tout le monde. Mes conditions de vie, par exemple, font de mon Paris sale, bondé et épuisant une ville bien éloignée de la ville policée et séduisante dépeinte dans ce livre, à tel point que certaines parties m'ont été un peu gâchées.<br />
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Créteil n'est pas la rive gauche, ai-je souvent pensé. Je ne fais donc définitivement pas partie de la classe d'intellectuels bohèmes et voyageurs qui s'identifieront à ce beau livre; c'est dommage.<br />
Cela ne m'empêche pas d'en apprécier les mérites, et d'espérer que cet ouvrage, lu dans son édition britannique, soit vite traduit.<br />
Pour aller plus loin, on s'empressera d'enregistrer dans un coin le <a href="http://laurenelkin.tumblr.com/">Tumblr</a> de l'auteur, mélange de photographies et de clips.<br />
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J'ai comme une vague envie de déménager, tiens.<br />
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Flâneuse, Lauren Elkin, Chatto & Windus, 2016.Georgette A.http://www.blogger.com/profile/15326387528162977876noreply@blogger.com0