dimanche 10 septembre 2017

Comment ça commence : Le dernier des Romani, Norman Spinrad

Un peu de nouveauté pour la rentrée : je vais me permettre de partager quelques lignes tirées d'un livre qui m'a interpellé, de temps en temps. Ceci parce qu'un court extrait permet de mieux se rendre compte du propos et du style (et parce que ce grand cinglé de Hunter S. Thompson s'en est aperçu il y a longtemps : recopier un texte permet de mieux le comprendre). C'est neuneu, ça marche.


"La route fut longue et la chaleur accablante, dit l'homme à la moustache gominée.
Un Collins, garçon, s'il vous plaît.
Le serveur adipeux tendit la main vers la console, pressa le bouton "Collins", et demanda :
- Gin, rhum, vodka ou grawa ?
- Gin, bien sûr, dit l'homme à la moustache gominée. Faire un Collins au grawa, non mais ! (Il alluma un grand cigare vert olive.)
Le garçon pressa le bouton "gin" et tapota le servo-bar. Le récipient de plastique transparent plein de liquide brumeux surgit par l'orifice de service du comptoir.
L'homme à la moustache noire et gominée regarda le verre, puis la console, puis le garçon.
- Ne me tenez pas pour impoli, l'ami, dit-il, mais je me suis toujours demandé pourquoi il y a encore des serveurs, quand n'importe qui pourrait appuyer sur ces stupides boutons.
Le garçon rit, d'un rire affable et gras.
- Pourquoi y a-t-il des conducteurs d'autobus dans les bus robots ? Pourquoi y a-t-il des brasseurs alors que la bière se brasse pratiquement toute seule ? Je suppose que le gouvernement se dit que si on virait tous ceux qui ne servent à rien, il se retrouverait avec cent millions de chômeurs sur les bras."

Premières phrases du Dernier des Romani, dans Le livre d'Or de la science-fiction, 1978.

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