mercredi 31 août 2016

Choses vues et lues, août 2016

Bronzage et Bouquins.

Paul Klee au Centre Pompidou
Où on a pu découvrir que son travail n'a que très peu à voir avec celui de Kandinsky.
Paul Klee, selon ce qu'en montrait cette exposition rétrospective, était avant tout un innovateur passionné, qui, des débuts caricaturistes de sa carrière à la fin plus abstraite, n'aura jamais cessé de tester de nouvelles pratiques.
Paul Klee, depuis L'art invisible, autre lecture de cet été, où il est cité par Scott McCloud, nous dit ceci :
"L'art ne reproduit pas le visible ; il rend visible."
Ce qui rend intelligible l'art moderne, en quelque sorte.

Only lovers left alive, Jim Jarmush, 2014
Que peuvent bien faire ces grands mythes romantiques que sont les vampires dans la société moderne ? Déprimer parce que le monde n'est décidément plus aussi poétique qu'avant. Déprimer d'autant plus sec que leur nourriture de référence est trafiquée aux hormones et pleine de maladies exotiques.
Un grand film mélancolique, qui correspond parfaitement à la créature dépeinte : les vrais bons films de vampires se passent souvent à des époques révolues et élégantes. Lorsqu'il est aux prises avec la modernité, le vampire se trouve mal, et cette dépression snob lui va particulièrement bien.
Le spleen vampirique, quoi.
Bonus : je suis absolument fan de Tilda Swinton.

Infamous, Douglas McGrath, 2006
Un film réussi/raté : tout ce que Capote raconte, c'est à dire la rédaction d' In cold Blood, le film avec Seymour Hoffman le raconte bien mieux. Par contre, la représentation du milieu mondain est imparable dans Infamous, et le personnage de Capote, cet étrange petit homme, avec son élégance hors de propos, ses poses affectées et sa voix de crécelle sont mieux rendues dans Infamous. On comprend mieux ce personnage à fleur de peau, facile à détester autant qu'à aimer, exigeant, fragile, insupportable.

Escape from New York, John Carpenter, 1981
Un bon vrai film de science fiction, héroïque à fond, esthétique à fond : dans ce New York du futur devenu une prison, un héros doit sauver le président. Snake Plissken, mis en valeur en permanence, autant par les jeux de lumière et de caméra que par les costumes, y est forcément un héros mémorable.
Le do-it-yourself inventif des prisonniers de New York m'a beaucoup réjouie, et  je suis encore marquée par une scène d'hélico très 80's où le visage de Kurt Russel se détache de la pénombre grâce à des néons verts et fushia. Moment parfait.

Le mouvement situationniste, une histoire intellectuelle. Patrick Marcolini, 2013.
Un moment, dans sa vie, on croise forcément "les situs". Certains ont la chance de les découvrir tous jeunes, et d'être abreuvés de ce que leurs réfléxions ont de joyeux et libérateur. D'autres passent à côté, ou n'en saisissent que des bribes (la psychogéographie, concept très littératures de l'imaginaire). Ce livre, issu de la thèse de Patrick Marcolini, offre une présentation approfondie du mouvement. On lui reprochera peut-être (ou l'on louera) son exigence. La petite lectrice que je suis a pris pour sa part trois gros mois pour le lire, en prenant note de ses milles notes bibliographiques, en allant se renseigner sur les personnages cités... Ce Leviathan du situationnisme est remarquable mais peut-être à réserver aux lecteurs motivés. Pour ma part, devant la vive intelligence des réflexions, j'ai plus d'une fois souri dans le métro.

Te Quiero, J. P. Zooey, 2016
Le post-modernisme peut aussi être romantique, et se moquer de lui-même. C'est le cas dans ce roman charmant dans lequel Bonnie et Clyde, deux gentils jeunes hipsters de Buenos Aires, vivent une histoire d'amour joueuse et mélancolique, tout en étant les jouets complices de la société dans laquelle ils vivent. Une joyeuse passivité qui communique à coup de smartphone, et qui réussit cependant à provoquer l'enthousiasme. Et c'est court et léger, aucune raison de s'en priver.

La main gauche de la nuit, Ursula Le Guin, 1969
Il était temps de lire ce classique intemporel, qui bien plus que la remise en question du genre, dont il est devenu le symbole, est avant tout un roman de l'altérité (comme toute bonne science-fiction, oui, oui). Les peuples créés par Le Guin sont fascinants de réalisme, et la plongée aussi ethnographique que digne d'un bon roman d'aventures du narrateur envoyé de l'Ekumen, est captivante.
Il va falloir lire le reste.

L'amazone et la cuisinière, Alain Testart, 2014
Où l'ethnologue Alain Testart confronte l'histoire des sociétés pour essayer de comprendre la division sexuelle des tâches. Le court ouvrage est captivant, facile à lire, et on en retire deux théories : 1/les activités interdites aux femmes ont un lien non pas avec leur capacité physique mais avec le bouleversement qui a lieu dans leur corps une fois par mois 2/la captation des activités par l'homme se fait souvent dans un but de prise de pouvoir, lors d'une évolution technologique.
Mais pour plus de détails, il vaut mieux le lire directement, bien sûr.

L'art invisible, Scott Mc Cloud, 1993
Cette bande dessinée est très riche si on aime ce support. Scott McCloud joue les Karim Debbache avant la lettre, nous raconte l'histoire de son médium et en livre quelques clés d'analyse. Au passage, on gagne aussi quelques compétence en économie et histoire de l'art. Un seul regret : que ce soit si Américain et que l'équivalent n'existe pas pour l'Europe, cas très différent.

Après la Chute, Nancy Kress, 2014
Un récit pré et post-apocalyptique qui entremêle deux narrations, avec des voyages dans le temps, deux personnages de femme forte, des adolescents particulièrement bien décrits et un récit très (trop) rapide.  Pas déplaisant.

Et alors, un artiste ?

L'illustrateur Brésilien Butcher Billy réalise de cool cut-ups de comics et de culture pop, il y a de la couleur qui éclate partout, et si tout n'est pas de la même qualité, ça fait quand même plaisir à voir.
Un exemple qui me met de bonne humeur quand j'y pense juste là.

PS : le site RedBubble en vend des versions sur mini-jupe.Oui.

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